Une rencontre, une conversation banales dans un aéroport, et le passé du narrateur déferle en une longue lettre adressée à Mellie, Melisande, l’amour de toute une vie. « Te souviens-tu ? Si ensemble, nous rassemblions tous nos souvenirs, formeraient-ils ne serait-ce qu’une part infime de ce que nous avons oublié ? Et en ajoutant tout ce dont nous n’avons qu’un vague souvenir, arriverions-nous même à la plus petite part de cette part infime ? »
Pour ne pas oublier, les mots traquent les plus petits détails d’une existence bouleversée par un premier jour en classe de terminale. Écrire ressuscite la fulgurance du sentiment amoureux, la douleur de se voir préférer l’ami, Ricky, les années de jeunesse et d’amitié dans l’Amérique des années 70, le quotidien d’une passion enfin partagée, la vie conjugale.
Peu importent les désillusions, les trahisons, écrire les efface. Les petits riens retrouvés se transforment en instants d’éternité et ce qu’on a oublié demeure.
Cette longue et singulière déclaration d’amour, à la fois joyeuse et dramatique, sans complaisance, ni sentimentalisme nous fait croire que l’amour est infini, le bonheur savoureux, le pardon et la littérature salvateurs, quel que soit le lieu où nos rêves et chimères ont échoué.
On a d’autant plus envie d’y croire que son auteur, Hillel Haskin, est un érudit de soixante-quinze ans, traducteur de grands écrivains israéliens. « Mélisande ! Que sont les rêves » est son premier roman.