Le passage du diable
Anne Fine

L'Ecole des Loisirs
medium
janvier 2014
306 p.  1 €
 
 
 
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Mystères et frissons.

Qu’est-ce qu’une « vie normale » pour un jeune garçon ? Pourquoi mettre en doute la parole d’une mère dévouée ? Comment les mensonges emprisonnent et la vérité terrifie? Un lieu peut-t-il influer sur les comportements humains ? La peur entraîne-t-elle forcément la folie ? Est-ce une bonne chose de déterrer le passé et ses secrets enfouis ?
Daniel Cunningham nous conte l’histoire de son enfance, une enfance étrange et surprenante. Tout petit, il apprend par sa mère, Liliana qu’il est atteint d’une maladie grave et qu’il est donc préférable pour sa santé fragile de rester cloîtré à la maison. Sans père, Liliana prend ainsi soin de lui toute seule durant de nombreuses années. Daniel ne va pas à l’école, n’a pas d’ami, mais heureusement il s’évade en lisant des livres d’aventures. Et puis, il y a cette belle maison de poupées, réplique du manoir où a grandi Liliana… Daniel joue avec les personnages, les fait évoluer, invente des scènes familiales (lui qui ne sait pas ce qu’est une famille). Sa mère ne lui parle jamais du passé, de ses origines… une ombre malfaisante semble planer sur la maison.
Un jour, les gens du village usent de ruse pour faire entrer le docteur Marlow dans la chambre de Daniel. Celui-ci se rend vite compte que le garçon est en parfaite santé. Alors, tout va très vite, Daniel est confié à la famille Marlow et Liliana est internée en hôpital psychiatrique.
Le garçon comprend peu à peu que sa mère lui a menti, voulant probablement le protéger, mais de quoi ? En attendant, il prend plaisir à vivre au côté du Docteur Marlow, sa femme et ses trois filles avec lesquelles il partage ses jeux. Il découvre la vie familiale tant rêvée.
Les meubles de son ancienne maison ont été saisi (sa mère avait des dettes), seule la maison de poupées lui revient. Il continue de faire vivre les poupées avec Sophie, la plus jeune des filles Marlow. Ils passent des heures ensemble à jouer jusqu’au jour où une des figurines semble avoir un pouvoir maléfique sur les enfants, les rendant colériques.
Quand le docteur Marlow décide d’emmener Daniel voir sa mère à l’asile, ils la découvre pendue dans sa chambre… Le jeune garçon est complètement désemparé : après les mensonges, le silence, l’effroi, l’abandon, comment continuer à vivre avec ce drame ? Le docteur va alors enquêter pour retrouver un parent de l’enfant. Le passé commence à se dévoiler : la maison d’enfance de Liliana existe toujours et son frère Séverin, un ancien capitaine de marine marchande y vit encore. Daniel est envoyé là-bas pour faire connaissance avec lui. C’est un homme trouble au caractère changeant, tour à tour jovial, sombre, chaleureux et méchant. En revanche, Thomas le jardinier et Martha la cuisinière se confient à Daniel. Les morceaux du puzzle se mettent en place…
Un roman qui tient en haleine d’un bout à l’autre ; angoissant, mystérieux, gothique, fantastique… On éprouve forcément de l’empathie pour Daniel, personnage téméraire et volontaire qui prend sa vie en main pour faire le jour sur le passé de sa mère qui a dévoré son enfance à lui. La mise en abyme de la maison est une merveilleuse idée, elle permet toutes les audaces et facilite l’accès vers l’imaginaire. Frissons garantis.
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