Le Réveil du coeur
François d' EPENOUX

Pocket
janvier 2014
240 p.  6,70 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
on n'aurait pas dû

Une chronique familiale au café du commerce

L’histoire de la relation privilégiée entre un grand-père et son petit-fils, en dépit de la distance instaurée par les parents : tel est le sujet de ce livre, qui n’était pas sans me rappeler le déjà ancien, mais néanmoins extraordinaire, Sourire étrusque de Jose-Luis Sampedro.

Ayant déjà bénéficié d’un très bon bouche à oreille, ce roman a été récemment couronné du prix des Maisons de la presse 2014. Ma voix risque donc d’être bien discordante…
En effet, si j’ai lu ce roman en deux jours, ce n’est pas parce qu’il m’a captivée. Très facile à lire, il m’a néanmoins semblé très superficiel et cousu de fil blanc.
Les personnages sont caricaturaux à l’extrême. On devine dès le départ que ce vieil homme qui vit en reclus sans télé, sans portable et, bien sûr, sans ordinateur et sans Internet, finira par découvrir les bienfaits de la modernité pour retrouver la complicité qu’il a nouée le temps d’un été avec son petit-fils, qui lui a été confié bien à reculons par les parents.
Que dire du personnage de la mère, insupportable au possible, qui semble assez vite se désintéresser de son enfant, mais qui se montre prompte à porter des accusations odieuses contre son beau-père, parce que celui-ci avoue avoir invité le petit Malo, qui faisait des cauchemars à répétition, à venir se rendormir dans son propre lit. Comment encore croire à une mère qui se désole que son fils n’ait pas pu voir la télé durant quelques semaines et qui se rit de toutes les découvertes qu’il a pu faire au contact de son aïeul ?
Le père, quant à lui, est un être insipide, qui semble se laisser mener par les événements, sans jamais avoir prise dessus, qu’il s’agisse de sa vie professionnelle ou personnelle. C’est ainsi qu’un enfant lui est né, sans qu’il en ait le réel désir… et sans qu’il soit réellement amoureux de la mère, de laquelle il se séparera d’ailleurs assez vite.

Ajoutons à cela des propos de café du commerce à longueur de pages, à tel point que j’ai du mal à vous en sélectionner un extrait, tant il est vrai que je pourrais citer tout le livre; mais allons-y pour ce petit morceau de bravoure :
«Il me fait rire, le Vieux. De son temps, tout était plus net, on était pour, on était contre, avec ou sans Dieu, avec ou sans maître, on était soldat ou déserteur, d’un côté ou de l’autre d’un rideau de fer bien commode finalement. Aujourd’hui tout se dilue et tout s’agrège dans une pâte uniforme qui nous colle à la peau. On nous appris à avoir peur, à suivre, à nous montrer consensuel. Le monde est une ampoule suspendue dans le noir, avec sept milliards de mouches posées dessus. Demande-t-on à une mouche si elle est pour ou contre l’ampoule qui l’attire ? Non. Elle s’accroche et attend de mourir au contact de ce qui est, malgré tout, chaud et lumineux.»
Et voilà. Pardon d’avoir été un peu longue dans ma citation, mais elle vous épargnera peut-être d’en prendre pour 250 pages !

En conclusion, je ne saurais trop vous recommander la lecture du Sourire étrusque cité plus haut, sur le thème de la difficulté à se détourner du passé pour regarder l’avenir, sur la transmission intergénérationnelle et sur la puissance de cet amour unique unissant un grand-parent à son petit-enfant, qui est infiniment plus subtil, profond et émouvant.

partagez cette critique
partage par email