« Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père. Commence alors une longue correspondance, parsemée d’indices, d’abord ténus, puis plus troublants. […] «
Le roman épistolaire est un genre que j’apprécie beaucoup. En voici un nouveau très bel exemple avec ce roman traitant, avec beaucoup de sensibilité, des secrets de famille.
L’histoire est touchante, émouvante et prenante. Dès les premières pages, l’auteur m’a entraînée et ne m’a plus lâchée. J’étais là, dans un coin, près d’Hélène, attendant avec elle, la main sur son épaule pour lui apporter mon soutien. J’étais emplie de compassion pour la petite fille qu’elle avait été, orpheline de mère à 3 ans, à qui personne n’a jamais voulu dire ce qui lui était arrivé, à qui personne, jamais, n’acceptait de parler de sa mère, au point que, à plus de 30 ans, le silence et l’étouffement se traduisent encore chez elle par des crises d’asthme. Par petites touches, pas trop vite mais sans non plus s’enliser dans l’attente, l’auteur déroule les souvenirs des quelques témoins encore en vie. Elle décrit, entre deux lettres ou courriels, les photos que Stéphane et Hélène découvrent dans les albums et autres archives familiales, et les personnages prennent vie devant nos yeux. On découvre des personnes, vivantes ou passées, très attachantes, avec leurs failles, leurs souffrances, leurs craintes; avec aussi l’éclat du bonheur, parfois, au fond des yeux, et beaucoup d’humanité dans le regard qu’Hélène et Stéphane portent sur leurs parents. On passe d’un couple à l’autre, d’une époque à l’autre, sans heurt et avec un réel bonheur.
L’écriture est quant à elle magnifique. Quel plaisir de lire une si belle langue, un français si maîtrisé sans en être inaccessible ou empesé. Le russe y trouve tout naturellement sa place, sans rompre ni le charme ni le rythme. Enfin, la construction est intelligente : hormis la description des photos, tout est relaté sous forme d’échanges écrits (lettres et mails, ainsi que quelques sms), ce qui permet au lecteur de ne pas sortir de ce moelleux fauteuil dans lequel il s’est installé en ouvrant la lettre, pardon le livre.
Touchant et superbement écrit, ce premier roman d’Hélène Gestern est une totale réussite, tout en finesse, en délicatesse et en retenue. Un coup de cœur pour la plume de cette auteure à suivre.