Les internautes l'ont lu
coup de coeur
nuit blanche
Une pépite !
C’est une pépite, un joyau. Quelle belle découverte. Merci à Ariane de la librairie TULITU pour le conseil. C’est avec ce bijou que j’ai fait mes premiers pas dans la lecture québécoise que j’avais très envie de découvrir. Imaginez, trois octagénaires qui ont tout plaqué pour vivre au fond des bois, dans des cabanes près du lac de Cochrane, le tout dans des conditions sommaires. Charlie, ancien trappeur, Tom et Ted. Ils se sont promis d’être libres et de choisir le moment de leur mort dans l’hypothèse où ils ne pourraient plus marcher. Ils vivent en ermite, reclus, oubliés de tous par choix au fond des bois. Leur seul trait-d’union est Bruno, un marginal qui cultive un champ de Marijuana non loin de là , et Steve qui tient un hôtel. Ils veillent à leur apporter le ravitaillement. Ted vient de s’éteindre comme ça, il était un des seuls survivants des Grands Feux de Matheson (Ontario) en 1916. Il avait à l’époque à peine quatorze ans. Une photographe est à sa recherche pour un reportage qu’elle réalise. Elle arrivera trop tard et rencontrera Charlie.. Petit à petit, il se confiera, racontera, lui montrera les centaines de toiles que Ted a laissées. Une autre intruse arrivera dans cette petite communauté, et sera rendue à la vie. C’est Marie Desneige, quatre-vingt deux ans. Elle a passé sa vie enfermée dans un asile psychiatrique, internée depuis ses seize ans. La vie, la mort… Mort que nos amis ont décidé de choisir le cas échéant, est un des thèmes abordés dans ce magnifique récit, mais on parle aussi d’amitié et d’amour. Rien n’est impossible même lorsque l’on vit le quatrième âge. Une plume fluide, entraînante, poétique et chaleureuse. Jocelyne Saucier nous décrit à merveille la nature, les bois mais aussi les sentiments, c’est une conteuse hors pair. Un récit magnifique, touchant et émouvant. un roman magnifique, vous l’avez compris un énorme, magistral coup de coeur. Les jolies phrases Et pourtant, c’est dans la forêt qu’il prenait la mesure de son être, qu’il respirait l’air du monde, qu’il sentait son appartenance à la puissance de l’univers. La liberté, c’est choisir sa vie. Il y avait un pacte de mort entre mes p’tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n’aimaient pas le mot. Ce qui leur importait, c’était d’être libres, autant dans la vie qu’à la mort, et ils avaient conclu une entente. Il faut comprendre, c’est l’ignorance, la noirceur, la peur de tout ce qu’on ne voit pas, ne comprend pas, c’est l’époque qui a fait ça. La folie n’était peut-être que cela, un trop plein de tristesse, il fallait simplement lui donner de l’espace. C’était comme essayer de lire un livre qui n’avait pas été écrit. On s’y perdait à imaginer ce qu’on voulait voir. On ne peut rien savoir d’un vieillard si on ne va pas à ses yeux, ce sont eux qui détiennent l’histoire de sa vie. Si le regard est aveugle, la photo le sera aussi s’était dit la photographe. Le grand âge lui apparaissait comme l’ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut. La souffrance quand elle s’empare de quelqu’un ne laisse place à rien d’autre. Retrouvez Nathalie Vanhauwaert sur son blog Au cÅ“ur des forêts du Grand Nord
Une photographe souhaite réaliser un travail sur les derniers témoins encore en vie des Grands Feux ayant ravagé l’Ontario au début du XXème siècle. Ce faisant, elle rencontre trois (très) vieilles personnes qui, pour des raisons diverses, ont pris la décision de vivre comme des ermites et sous une fausse identité, au fin fond d’une forêt du grand nord. Ils vivent de la trappe et d’une aide ponctuelle, chacun dans sa cabane, suffisamment éloignés les uns des autres pour ne pas se gêner, assez près cependant pour que se tissent des liens. Et des liens, il en est beaucoup question dans ce très beau roman. On parle ici d’amitié, d’amour, de la vie et de la mort, sans tabou, du changement de vie aussi. J’imagine que certains trouveront qu’il ne se passe pas grand chose, et ils n’auront pas forcément tort. Mais il n’est nul besoin d’action et de rebondissements pour qu’un roman soit riche et intense. Celui-ci est riche d’émotions, de relations, riche de sa nature aussi, tandis que les passages relatant les Grands Feux sont chargés d’intensité. Il souffle sur ce livre un vent de liberté, de spontanéité, de goût de vivre le temps qui reste. L’écriture est à la fois simple, presque orale parfois, et poétique, délicate, sensible. Elle est aussi très sensorielle, et notamment visuelle, nous plongeant au cÅ“ur de ces forêts gigantesques et de la fureur des flammes. Quant aux personnages, bien qu’improbables par certains aspects, ils sont on ne peut plus attachants, humains et bienveillants. Ils ont choisi la solitude, parce qu’ils ont toutes les raisons du monde de le faire, mais ils s’apprivoisent, se découvrent et apprennent à vivre ensemble (plus et mieux, sans doute, que certains vivant sous le même toit). Alors qu’ils se rapprochent de la fin de leur vie, ils ont pris conscience qu’ils peuvent choisir le moment de leur mort, et que c’est cette possibilité, ce choix qui s’offre à eux, qui leur donne envie de vivre et de profiter des jours restants comme ils l’entendent et dans le respect de leurs valeurs. De beaux personnages, vraiment, à la fois fragiles et si forts. Une très belle découverte que ce roman, tendre et touchant. |
|