critique de "Les séparées", dernier livre de Kéthévane Davrichewy - onlalu
   
 
 
 
 

Les séparées
Kéthévane Davrichewy

10 X 18
juin 2013
163 p.  6,60 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Meilleures amies… pas pour la vie

Pour Victor Hugo, « La moitié d’un ami est la moitié d’un traître ». Et comme le dit l’adage, on se remet d’un chagrin d’amour, mais plus difficilement d’une amitié brisée. Alice et Cécile se connaissent depuis la maternelle et sont passionnellement amies depuis leur adolescence. Elles ont fait de leurs différences une complémentarité. La première est aussi solaire et chaleureuse que la seconde est mystérieuse et distante. Cette relation fusionnelle et exclusive qu’elles croyaient éternelle ne va pourtant pas résister à l’épreuve du temps. Entre elles, la haine finit par voir le jour. Surtout celle de Cécile à l’encontre d’Alice. Quel a été le point de bascule ? Où sont les failles? Comme souvent dans toutes les histoires de filles, cherchez le garçon : Philippe, le grand frère tant aimé de l’une, mais aussi adoré par l’autre. Et la révélation d’un secret qui va tout faire voler en éclat. Mais pas seulement…

Kéthévane Dravichewy, auteure d’origine géorgienne, très remarquée avec son précédent roman « La mer noire », nous offre avec « Les séparées » une belle histoire sur l’intensité d’une passion d’amitié et la stupeur ressentie suite à son effondrement. Elle construit avec habileté son récit en donnant tour à tour la parole à Alice et Cécile, alors qu’elles ont la cinquantaine et qu’elles reviennent chacune sur leur relation et leur rupture. La voix de Cécile nous parvient des profondeurs d’un coma dans lequel elle est plongée après un accident. C’est en conscience face à la mort qu’elle nous livre sa version sur leur séparation. « Tu n’as pas cessé de m’aimer, j’ai cessé de t’intéresser. Et je t’ai trahie pour ça ». Pour Alice, au même moment tout bascule dans sa vie de femme : elle perd son boulot, découvre que son mari la trompe, et ses enfants qui ont grandi n’ont plus besoin d’elle. Face à ses vides et l’accident de Cécile, les souvenirs refoulés de son histoire avec sa meilleure ennemie refont surface pour la mener vers des vérités qui ne sont pas toutes bonnes à connaître.

La grande réussite de ce roman est qu’Alice et Cécile semblent ne plus appartenir à la fiction, mais devenir bien réelles. Le lecteur écoute leurs confidences au creux de son oreille, comme le chuchotement d’un secret. Le tout rythmé de savoureuses références musicales des années 80 qui patinent subtilement le récit. Kéthévane Dravichewy est une sorte de Claude Sautet de la littérature. Ses romans abordent « Les choses de la vie » avec un profond sens et respect de l’autre. Si vous aimez cette écriture toute en empathie, ne passez surtout pas à côté de son dernier roman « Quatre murs » (Sabine Wespieser Editeur) qui vous plongera cette fois au cœur d’une intense histoire de famille. 

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