Damien de Carolis alias Dam a tout juste 16 ans. Il est maigre, hypersensible sans cesse dévalorisé aux yeux de sa famille. La priorité est toujours sa soeur Céline qui étudie la psycho. Elle fait tout bien Céline. Il passe inaperçu chez lui, personne ne s’intéresse vraiment à lui, juste bon à le critiquer. Jamais un mot gentil.
Au lycée c’est pareil, Dam essaie d’être transparent. Cependant une bande de skateurs le cherche et le tabasse. Dam encaisse les coups sans rien dire jusqu’au jour où Samy intervient. Samy est habillé de noir, les yeux maquillés de noir, des piercings un peu partout. La bande de Samy, gothique, est aussi habillée de noir. « De sa manche noir, il essuie le sang qui coule sur la tempe de Dam. C’est la première fois que quelqu’un le touche avec autant de douceur. »
Samy et ses amis deviennent très vite une famille pour Dam qui a enfin l’impression d’exister. Ils écoutent de la musique ensemble, se touchent. Dam vit.
Son père ne le voit pas de cet oeil, il traite son fils de pédé et l’empêche de voir Samy et sa bande.
Lorsque la pression est trop forte, Dam a pris l’habitude de se mutiler l’intérieur des cuisses, il regarde le sang couler et le goûte. C’est sa soupape de sécurité pour éviter de péter complètement les plombs.
Merci la blogosphère, merci Cajou pour cette découverte. Un premier roman pour Claire-Lise Marguier paru en 2011 aux Editions Rouergue.
Ce livre est un cataclysme, on n’en sort pas indemne. 103 pages, c’est court mais c’est un récit très dense. Un récit où tout se suit sans pause avec une tension grandissante, l’absence de chapitres, de paragraphes nous fait vraiment ressentir le malaise de cet adolescent. La narration est faite par Dam qui fait de nous un confident, à qui il nous livre sa vie, ses secrets, ses joies, ses peurs les plus intimes.
Le ton est juste, c’est tellement vrai sans tricherie, ni artifice. C’est la souffrance de Dam que l’on partage avec lui sans patho, ni mélo.
Le faire ou mourir c’est beaucoup de thèmes abordés à la fois : l’homosexualité, l’adolescence et le mal être des enfants « différents » (plus sensibles que les autres), les différences, les apparences. On parle aussi de la confiance en soi, de la difficulté de s’accepter sans se soucier du regard des autres, de l’amour porté par les parents, de confiance et respect mutuel, mais aussi de violences familiales et de l’automutilation.
Un livre magnifique que chaque parent, ado et adulte devraient lire pour comprendre comment l’adolescence peut être mal vécue par certains et permettre à chacun de ne porter aucun jugement sans avoir un minimum d’empathie et de compréhension pour des jeunes qui ne font juste que chercher une façon de vivre dans le respect de chacun.
Ce livre est bouleversant je le répète, un tsunami qui ne peut laisser indifférent. A lire au plus vite.
J’ai de la chance pour l’instant je collectionne les coups de ? Claire-Lise Marquier
Les jolies phrases:
« J’attire les coups aussi sûrement qu’un paratonnerre la foudre, et comme j’ai pas la force de les rendre, le mieux c’était encore d’attendre que l’orage s’arrête, que les nuages s’en aillent avant que je me relève.
Moi des fois, je me sentais vide, et d’autres fois trop plein, sans que jamais ça s’équilibre.
Je me sentais comme abandonné. Comme si l’humanité tout entière prenait un vaisseau pour une autre galaxie et me laissait seul sur une terre dévastée.
C’était facile d’être avec lui, mais difficile aussi, comme si c’était dangereux, parce que je n’avais plus de barrières.
Samy, il fait une philosophie de dire ce qu’il pense et ce qu’il ressent. Il a drôlement du cran, lui. Il est à l’aise avec ça. Jamais honte de rien. Il prend chaque pensée après l’autre, il gère, il a l’air heureux.
Des fois, j’étais mal à en crever, sans raison, mais j’avais pas envie que ça s’arrête, comment t’expliquer ça ? Si ça s’arrêtait, c’était le vide, et le vide ça me fichait la trouille pire que tout.
A l’intérieur de moi, c’était comme si on avait fait exploser le mur d’un barrage et que toute l’eau que le lac avait accumulé dévalait les pentes en détruisant tout sur son passage. Je sentais le niveau de l’eau qui montait en dedans et il faudrait pas longtemps pour que je sois submergé. Ça m’a foutu la trouille. »