Le Héron de Guernica
Antoine Choplin

Points
août 2011
168 p.  6 €
 
 
 
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coup de coeur

l’autre peintre de Guernica

Que s’est-il passé à Guernica? Que s’est-il passé que les historiens sont impuissants à nous conter au-delà des faits historiques? Que s’est-il passé d’autre qu’un bombardement intense sur un village de Biscaye, l’après-midi du 26 avril 1937? Qui peut en parler, en témoigner?

Peut-être Picasso par son grand œuvre, même si cela semble incompréhensible à Basilio, le peintre amateur qui était là, à Guernica, ce lundi 26 avril, jour de marché.

« Alors je comprends pas, avait dit Basilio.
Qu’est-ce que tu ne comprends pas?
Je comprend pas comment il peut peindre sur les événements de Guernica, s’il n’y était pas quand cela s’est produit.
Les artistes peuvent faire cela avait dit le curé. »

Et pourquoi le peintre local n’irait-il pas découvrir l’œuvre du célèbre peintre, présentée à la grande exposition internationale de juillet 1937 à Paris? Il pourrait peut-être rencontrer le grand Picasso. Et qui sait, lui montrer son travail. Car Basilio, un peu marginal dans le village, peint. Il peint des hérons dont il rêve de capturer le frémissement de vie, au delà des couleurs et du dessin. Ce matin-là, celui du jour où Guernica devint connu du monde entier, Basilio peignait un héron. Une peinture qui devait être la plus vraie de toute celle qu’il avait faites, celle qu’il allait offrir à Celestina. Et puis…

Dans une langue simple et modeste, mais où la poésie sait se faire intense, Antoine Choplin nous révèle le battement de la vie au cœur de Guernica, au cœur de Basilio, dans la rencontre avec le feu des bombes, avec la grâce hiératique des hérons, avec la rencontre silencieuse entre deux peintres fous de leur art. Il nous emporte et nous touche, nous faisant deviner l’ombre du héron dans l’entrelacs des roseaux, malgré le grondement des moteurs… Les artistes peuvent faire cela…

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