Elle a une quinzaine d’années, lui est son aîné de deux ans. Elle a passé une jeunesse turbulente dans une cour raffinée, fréquentée assidûment par les troubadours. Il a quitté le cloître et renoncé à la prêtrise par obligation dynastique. Elle règne sur l’Aquitaine, lui sur le royaume de France. Aliénor d’Aquitaine épouse Louis VII le 25 juillet 1137.
Le jour où il rencontre sa future épouse, Louis est foudroyé. Impérieuse, audacieuse, le regard acier, sa promise semble indomptable. Elle est rebelle, il est discipliné. Elle le pense placide, il se dit calme. Elle lui reproche son manque d’appétence pour gérer le royaume, il lui fait grief de son goût du pouvoir.
L’union entre deux tempéraments si contraires ne peut être heureuse. De malentendus en dissensions, le mariage est annulé quinze ans plus tard pour cause de consanguinité. Entre-temps, Aliénor et Louis auront eu deux filles et participé au fiasco de la Deuxième Croisade.
Pour son sixième roman, Clara Dupont-Monod retrace, sous forme de fiction, ces quinze années d’Aliénor d’Aquitaine avant qu’elle ne devienne une figure mythique par son alliance avec Henri II Plantagenêt et la naissance de leurs deux fils, Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre. Période de formation que l’auteure qualifie comme « celle de l’ennui, de l’impatience et de la maturation. » Et en effet, se dessine le portrait d’une femme ardente, pressée, sans concession.
En prêtant sa plume aux voix d’Aliénor et de Louis, Clara Dupont-Monod imagine deux monologues parallèles dominés par l’incompréhension. Procédé ingénieux qui crée une vraie proximité avec les protagonistes et favorise le tableau vif d’un Moyen Age enfiévré. Procédé qui vire au système cependant et finit par lasser lorsque Raymond de Poitiers prend lui aussi la parole pour conter la fin des amours impossibles entre Aliénor et Louis.