Ne vous arrêtez pas à la couverture qui pour moi est le seul élément négatif de ce premier roman de Mathilde Alet. Jeune auteur franco-belge, elle nous livre un récit introspectif rempli d’émotions.
Son monde à elle c’était Grand-Père Louis. Il était son refuge, son repère, l’amour, le réconfort. Aujourd’hui c’est son enterrement. Elle va vivre cette journée un peu absente. Toute la famille est là certes, mais les liens sont si ténus. Il y a Clara sa sœur, son inséparable durant son enfance, d’accord mais aussi tellement de questions qu’elle n’a jamais posé. Tellement de non-dits, de communication difficile… Ces questions qui trottent dans sa tête, les posera-t-elle ? Obtiendra-t-elle les réponses attendues ?
Le récit se partage en nous décrivant alternativement cette journée d’enterrement et en revivant des flashs de son enfance, des petits bonheurs, les relations – particulières – avec Olympe sa mère, Elisabeth (sa grand-mère), Victoire (sa tante). Les souvenirs …
Mais le passé ne construit-il pas le présent ?
Mathilde Alet va à l’essentiel dans son écriture directe, dynamique. Une écriture bien construite, fine et élégante qui vous plonge au cœur des émotions.
Le roman est court, j’avais envie de continuer à découvrir cette famille, son histoire, mais il en est autrement.
Un auteur prometteur, à suivre.
Ma note 8/10
Les jolies phrases
J’ai grandi avec des trous. Je me souviens de la présence de ma mère mais pas de sa voix, de son regard mais pas de son iris, de son éclat mais pas de son rire. Elle s’estompe, elle s’éloigne, elle me quitte à nouveau. Elle devient des photos, elle devient des mots, elle meurt à nouveau. Parfois elle réapparaît, elle tout entière, sa vie, sa silhouette, ses cheveux, ses couleurs, son sillage, ses sandales compensées, ses ongles de pied. Parce qu’au hasard d’une rue j’ai croisé une femme, un homme ou une effluve qui porte son odeur, sa démarche ou sa musique. Alors elle me serre dans ses bras, elle est un peu pressée, elle est là à nouveau. Elle est en chair, elle est en paroles, elle est au futur à nouveau.
Après ton coup de fil, j’ai pensé que Papy Louis avait eu une belle vie, et puis je me suis dit qu’au fond je ne savais pas très bien. Finalement, je ne connais pas grand chose de sa vie. Pour moi, il n’a jamais été que Papy Louis et, à trente ans, je le vois encore avec mes yeux d’enfant. C’est peut-être ça, perdre son grand-père : perdre un peu de son enfance.
Ton teint a jauni comme une photographie de famille. La jeunesse n’est pas tant à la mode que la nostalgie.
…si on ne sait pas, on ne souffre pas. C’est con mais c’est comme ça.
J’ai simplement oublié que partir implique d’arriver ailleurs.
Je pense que nous nous sommes trompés de mots, nous avons trop parlé et nous ne nous sommes rien dit. Nous nous aimons mal.
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