Illustration Brigitte Lannaud-Levy
Marie-Rose Guarniéri a un tempérament de feu et depuis toujours possède le sens de l’engagement. C’est avec fougue qu’elle défend la diversité éditoriale et l’indépendance des libraires. Il y a dix-sept ans, elle a ouvert une enseigne en rouge et noir, « La librairie des Abbesses », avec la volonté de faire revivre l’esprit « d’en dehors » des écrivains montmartrois. Ceux qui, sur la butte, proposaient une littérature audacieuse comme Max Jacob, Boris Vian, Aristide Bruant ou encore Louis-Ferdinand Céline. Au même moment, en 1997, elle se rapproche de la prestigieuse brasserie Wepler, qui deviendra son partenaire dans la création d’un prix littéraire mettant en lumière des auteurs qui innovent et prennent des risques avec la langue: le Prix Wepler fondation/La Poste httpss://www.facebook.com/prixweplerlaposte. Il y a douze ans, elle a également créé, pour la saint Jordi en avril de chaque année, une grande fête nationale avec 450 librairies indépendantes en France qui offrent à leurs lecteurs une rose et organisent des rencontres, débats, lectures, signatures autour d’auteurs contemporains
Votre livre coup de cœur du moment, à qui vous donnez votre coup de pouce.
« Kafka faisait fureur » de Anatole Boyard aux éditions Christian Bourgois. Un roman qui se passe dans une librairie, en 1947, dans le Village à Brooklyn, lieu d’échanges entre artistes qui se nourrissent de création et de liberté. Un livre vivant, chaleureux, plein de grâce et qui a beaucoup de charme.
Le livre que vous conseillez inlassablement depuis toujours avec ferveur.
« Martin Eden » de Jacques London. C’est « Le livre » sur la vocation, l’engagement de l’artiste, les illusions perdues. Un roman qui invite aux apprentissages de toutes sortes. Et qui aborde la question de la lucidité qui peut aussi créer du désenchantement. Un texte déchirant qui nous fait pénétrer dans l’intimité d’un auteur. Et qui comme tous les grands livres a été prémonitoire, puisqu’il annonçait à travers la disparition de son personnage principal la mort de l’auteur lui-même dans des circonstances identiques. Un livre culte, que je garde toujours à mes côtés.
Le roman de la rentrée de septembre qui vous plaît particulièrement.
En littérature française : « L’oubli » de Frederika Amalia Finkelstein aux Editions Gallimard/l’Arpenteur. C’est le premier roman d’une jeune femme de 23 ans. Son personnage principal, la jeune Alma D appartient à la génération Daft Punk / Play station et voudrait bien chasser de sa mémoire les images traumatisantes de la Shoah. Ce roman démontre comment l’Histoire revient percuter l’inconscient des générations suivantes malgré cette volonté farouche de parvenir à l’oubli. Cet auteur a des images et des perceptions bouleversantes. Une voix littéraire vient de naître !
Et en littérature étrangère : « Price » de Steve Tesich aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. L’autre grand livre, qui est aussi le premier, de l’auteur de l’irrésistible « Karoo ». C’est un roman d’apprentissage rempli d’espoir et de tristesse dans la veine de « L’attrape-cœurs » de J.D. Salinger. Il est extrêmement bien écrit et on peut le lire dès l’âge de 15 ans
Une brève de librairie
Des brèves on en a plein, mais on les oublie toutes.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud-Levy
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Librairie des Abbesses
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