Quand on évoque le féminisme dans une conversation, rares sont les réactions bienveillantes (sauf évidemment de la part des féministes elles-mêmes !) Inutile de rappeler que les idées reçues sont légion sur le sujet. En effet, des qualificatifs souvent insultant tels que « mal baisées », « laiderons », « hystériques », ont accompagné la lutte des femmes pour l’égalité. Les décrypter, c’est l’ambition de Christine Bard, historienne et présidente de l’association Archives du féminisme. Dans son livre, « Le féminisme au-delà des idées reçues », elle revient sur l’histoire passionnante et tumultueuse de ce mouvement, notamment à travers le regard de ses détracteurs. La forme est innovante, car à chaque préjugé, son chapitre. Le résultat : une vision complète et transversale sur un mouvement méconnu et caricaturé.
Saviez-vous que la première fois que le mot féminisme apparaît en français, c’est dans le vocabulaire médical ? Il décrit à l’époque une pathologie : « la féminisation des sujets masculins ». Il faut attendre 1882 pour qu’Hubertine Auclert se réapproprie ce terme et son sens. Christine Bard tord aussi le coup à des légendes urbaines. Un exemple ? On dit souvent que pendant les années 60, les féministes américaines ont brûlé leurs soutiens-gorge. Faux, révèle Christine Bard ! Cet acte, devenu le symbole du féminisme radical, n’a jamais eu lieu. Cette invention est, en réalité, née de la plume d’un journaliste venu couvrir une manifestation en 1968 à Atlantic City. Si les manifestantes, qui protestaient contre le concours Miss America, ont bien jeté « dans une poubelle de la liberté » des objets symboliques comme un « Playboy », des talons hauts, des ceintures, et des soutiens-gorge, rien n’a brûlé…
Dernier argument et pas des moindres pour lire cet ouvrage. Il nous donne surtout les clés pour comprendre le féminisme d’aujourd’hui, sa complexité, ses courants et ses points d’achoppement.
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