Longtemps, la plus grande partie de sa vie même, puisque son premier livre parut alors qu'elle avait 56 ans, Nuala n'a été «que» journaliste, mais une journaliste-vedette chez elle, en Irlande. Un éditeur lui proposa  de publier un recueil de ses chroniques. «D'accord, répondit-elle, à  condition que je puisse écrire une préface. » Cette «préface» de  plusieurs centaines de pages devint «On s'est déjà vu quelque part ? »,  extraordinaire récit autobiographique dans lequel elle nous prenait par  la main, s'épanchait, pleurait et nous faisait pleurer sur la condition  de la femme en général et de la sienne en particulier. Une vocation  était née, chaque nouvel ouvrage nous enchantait, mais malheureusement,  alors que, dans son existence, tout se mettait enfin en place et qu'elle  accédait à une forme de sérénité, le cancer la faucha à 68 ans.  Aujourd'hui, nous pouvons enfin lire en français ses fameuses premières chroniques, ainsi que quelques autres plus récentes. «Ce regard en  arrière » est habité par l'ironie et l'indignation de cette rebelle qui  parle avec autant d'agilité du groupe U2, des travaux ménagers, de Frank  Sinatra, du Dublin de James Joyce, que des bébés abandonnés par de  jeunes Irlandaises. Soixante-dix articles qui nous font regretter plus  que jamais les quelques livres de plus que Nuala n'a pas eu le temps de  nous offrir.?