Le critique invité Augustin Trapenard (Canal+, France Inter) a aimé « C’est un écrivain néerlandais d’une quarantaine d’années que je connaissais car j’avais beaucoup aimé l’un de ses précédents livres, « Le messie juif », un roman houellebecquien, monumental et drôle à en pleurer. Comme vous pouvez vous en douter, je ne connais pas très bien la littérature néerlandaise, mais je fais souvent confiance à la collection étrangère des éditions Héloïse d’Ormesson pour m’embarquer vers de nouveaux horizons ! Le titre du nouveau roman d’Arnon Grunberg, « L’homme sans maladie », est bien sûr un clin d’œil à « L’homme sans qualité » de Musil : tous deux ont en commun de saisir l’esprit du temps avec beaucoup d’ironie. Il s’agit d’une fable très réaliste, l’histoire d’un architecte zurichois appelé à construire un opéra à Bagdad… et qui s’y rend sans se demander un instant pourquoi diable on construirait un opéra à Bagdad ! Un indice : avez-vous remarqué qu’il n’existe aucune démocratie sans opéra ? Un opéra, quand on y pense, c’est un bon moyen pour rendre un état plus acceptable, plus « démocratique »… Inutile de vous dire que le séjour de notre architecte va très mal se passer. Il rentrera chez lui dans un état épouvantable avant de repartir… à Dubaï ! Pour construire une bibliothèque ! Quelque part entre Candide et Kafka, ce petit roman des plus dérangeants interroge brillamment la notion de démocratie et l’idée que l’on s’en fait. Je l’ai lu cet été et ne cesse d’y repenser… Propos recueillis par Pascale Frey |
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