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« La disparition de Stéphanie Mailer» Bientôt trois ans après « Le livre de Baltimore », les fans de Joël Dicker piétinent dans les starting block. Ils retrouveront dans ce nouveau roman l’ambiance américaine, celle d’une petite ville des Hamptons, qu’ils avaient appréciée dans les deux ouvrages précédents, et seront capturés dès les premières pages par ce jeune auteur suisse qui décidément sait raconter des histoires. En voici le début : « Seuls le gens familiers avec la région des Hamptons, dans l’Etat de New York, ont eu vent de ce qui se passa le 30 juillet 1994 à Orphea, petite ville balnéaire huppée du bord de l’océan. Ce soir-là, Orphéa inaugurait son tout premier festival de théâtre, et la manifestation, de portée nationale, avait drainé un public important. Dès la fin de l’après-midi, les touristes et la population locale avaient commencé à se masser sur la rue principale pour assister aux nombreuses festivités organisées par la mairie. Les quartiers résidentiels s’étaient vidés de leurs habitants, au point de prendre des allures de ville fantôme : plus de promeneurs sur les trottoirs, plus de couples sous les porches, plus d’enfants en patins à roulettes dans la rue, personne dans les jardins. Tout le monde était dans la rue principale. Vers 20 heures, dans le quartier totalement déserté de Penfield, la seule trace de vie était une voiture qui sillonnait lentement les rues abandonnées. Au volant, un homme scrutait les trottoirs, avec des lueurs de panique dans le regard. Il ne s’était jamais senti aussi seul au monde. Personne pour l’aider. Il ne savait plus quoi faire. Il cherchait désespérément sa femme : elle était partie courir et n’était jamais revenue. Samuel et Meghan Padalin faisaient partie des rares habitants à avoir décidé de rester chez eux en ce premier soir de festival. Ils n’avaient pas réussi à obtenir de tickets pour la pièce d’ouverture, dont la billeterie avait été prise d’assaut, et ils n’avaient éprouvé aucun intérêt à aller se mêler aux festivités populaires de la rue principale et de la marina. A la fin de la journée, Meghan était partie, comme tous les jours, aux alentours de 18 heures 30, pour faire son jogging. En dehors du dimanche, jour pendant lequel elle octroyait à son corps un peu de repos, elle effectuait la même boucle tous les soirs de la semaine. Elle partait de chez elle et remontait la rue Penfield autour d’un petit parc. Elle s’y arrêtait pour s’adonner à une série d’exercices sur le gazon – toujours les mêmes – puis retournait chez elle par le même chemin. Son tour prenait trois quarts d’heure exactement. Parfois cinquante minutes si elle avait prolongé ses exercices. Jamais plus. A 19 heures 30, Samuel Padalin avait trouvé étrange que sa femme ne soit toujours pas rentrée. A 19 heures 45, il avait commencé à s’inquiéter. A 20 heures, il faisait les cent pas dans le salon. A 20 heures 10, n’y tenant plus, il avait finalement pris sa voiture pour parcourir le quartier. Il lui sembla que la façon la plus logique de procéder était de remonter le fil de la course habituelle de Meghan. C’est donc ce qu’il fit. Il s’engagea sur la rue Penfield, et remonta jusqu’à Penfield Crescent, où il bifurqua. Il était 20 heures 20. Pas âme qui vive. Il s’arrêta un instant pour observer le parc mais n’y vit personne. C’est en redémarrant qu’il aperçut une forme sur le trottoir. Il crut d’abord à un amas de vêtements. Avant de comprendre qu’il s’agissait d’un corps. Il se précipita hors de sa voiture, le cœur battant : c’était sa femme. A la police, Samuel Padalin dira avoir d’abord cru à un malaise, à cause de la chaleur. Il avait craint une crise cardiaque. Mais en s’approchant de Meghan, il avait vu le sang et le trou à l’arrière de son crâne. Il se mit à hurler, à appeler à l’aide, ne sachant pas s’il devait rester près de sa femme ou courir frapper aux portes des maisons pour que quelqu’un prévienne les secours. Sa vision était trouble, il avait l’impression que ses jambes ne le portaient plus. Ses cris finirent par alerter un habitant d’une rue parallèle, qui prévint les secours. Quelques minutes plus tard, la police bouclait le quartier. C’est l’un des premiers agents arrivés sur place qui, au moment d’établir le périmètre de sécurité, remarqua que la porte de la maison du maire de la ville, à proximité directe du corps de Meghan, était entrouverte. Il s’en approcha, intrigué. Il constata que la porte avait été défoncée. Il dégaina son arme, monta d’un bond les marches du perron et s’annonça. Il n’obtint aucune réponse. Il poussa la porte du bout du pied et vit un cadavre de femme, gisant dans le couloir. Il appela aussitôt des renforts, avant de progresser lentement dans la maison, son arme à la main. A sa droite, dans un petit salon, il découvrit avec horreur le corps d’un garçon. Puis, dans la cuisine, il trouva le maire, baignant dans son sang, assassiné également. Toute la famille avait été massacrée. »
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