l a c r i t i q u e i n v i t é e Christine Ferniot (Télérama, Lire) a choisi Il y a vingt ans, Colin Harrison publiait « Manhattan Nocturne », plongeant dans les bas fonds de la cité en compagnie d’un journaliste de faits divers qui traquait la misère et le drame. « Manhattan Vertigo » a toujours l’ambition de scruter la société et ses labyrinthes mais se place du côté des riches qui tiennent le pouvoir des affaires, du fric et du sexe. La plupart de ses personnages habitent face à Central Park : Paul le collectionneur obsessionnel, Jennifer la jolie blonde bien mariée avec un businessman iranien d’une ambition folle, ou Rachel qui veut l’amour, l’argent et une famille. Il suffit qu’une passion de jeunesse vienne rappeler quelques souvenirs et cet agencement parfait se fissure irrémédiablement. Colin Harrison les regarde l’un après l’autre, tel un voyeur impitoyable qui soulève le rideau. Il prend plaisir à les voir s’embourber dans leurs mensonges et se tromper dans leurs choix. Tout se décante calmement pour monter en puissance, en violence aussi quand le romancier parvient à croiser les règles du thriller et de la réflexion sociale, de l’histoire sentimentale et de la vengeance retorse. Mais avant toute chose, Colin Harrison brosse un tableau de New York époustouflant, rythmant ses phrases comme s’il filait dans un taxi de nuit, passant de Manhattan à Brooklyn, des avenues majestueuses aux banlieues appauvries par la crise pour composer un bel hommage à cette ville qu’il n’a jamais fini de décrypter. |
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