l a c r i t i q u e i n v i t é e Claire Devarrieux (Libération) a choisi Le voyage est très long, et Richard Morgiève a sans doute mis dans « Le Cherokee » beaucoup de lui-même, beaucoup de ses obsessions et de ses pensées. Comme toujours, quand un voyage dure longtemps, il y a des moments plus intenses que d’autres. Si on ne regrette pas toutes ces heures passées dans le Far West en compagnie de Nick Corey, le beau shérif orphelin, c’est par exemple pour des phrases comme celle-ci: «Au fond, pour être enquêteur, il fallait prendre ses désirs pour des réalités et après se punir. L’enquêteur était nécessairement masochiste.» Il y a tellement d’histoires, tellement d’astuces en oeuvre et tellement de sang versé dans l’enquête menée par Nick Corey lancé à la poursuite d’un fou criminel, que c’est difficile à résumer. Disons qu’il veut à la fois retrouver l’assassin de ses parents et empêcher un attentat. Il est tout le temps en train d’essayer d’attraper les souvenirs qui le fuient, par exemple «l’odeur de l’eau de Cologne de sa maman» que le tueur a répandu sur la scène du crime. Je crois que ce que je préfère, c’est le moment où Corey se retrouve à faire sauter des crêpes dans la cuisine d’un vieux bijoutier. Il a confié à Samuel Meyer, orfèvre, la pépite qu’il a trouvée sur un cadavre, l’idée étant qu’il en fasse deux alliances. Une pour lui, l’autre pour son grand amour, Jack White, agent du FBI. Le vieux sert de la gnôle qui a un petit goût de pomme: Nick Corey n’a pas tant d’occasions de se détendre. Au fait, il est peut-être un peu indien, mais il n’est pas cherokee. Claire Devarrieux
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