"Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier", c'est le petit mot qu'Annie Astrand avait laissé à l'enfant lorsqu'il était parti se promener. Mais qui était cette femme qui fut si importante dans sa vie et dont Jean Dagorne, devenu adulte, ne sait plus rien. Il lui faudra se plonger dans son carnet d'adresses et tomber par hasard sur ces noms, pour réveiller doucement, très doucement, par petites étapes, ces fantômes, ressusciter des bribes de son enfance. Ce n'est pas un livre sur la mémoire, mais sur l'oubli. Ce n'est pas un roman sur la vie, mais sur la survie. Conçu un peu comme un policier, l'enquête se déroule sur les lieux du passé: un vieux garage, une maison désaffectée à Saint-Leu-la-Forêt, un café miteux. Peu à peu le voile se déchire, laissant apparaître quelques rayons de soleil, des éclats de souvenirs. Jusqu'à reconstituer l'histoire, ou plutôt une partie de l'histoire. Il faut accepter que certaines choses restent dans l'ombre, certaines questions sans réponse. "Au réveil, dans cette chambre, il se rendait compte qu'il lui avait fallu quinze ans pour traverser la rue." Quinze ans pour tenter de ne pas se perdre dans sa propre vie.