o n  l  a  v u
  Entourage  
« Star système »

Derrière le rêve, une machine. Derrière les personnages, des hommes. Sous le tapis rouge, un champ de bataille. Rares sont les séries qui ont pour sujet ceux qui divertissent. L’explication officielle est sans doute que ce genre de projets sont peu nombreux. L’explication officieuse, que les gens qui font la télé ne sont pas très fans de l’autocritique… Heureusement quelques-uns ont osé désacraliser le nirvâna hollywoodien. Parmi les téméraires, on retiendra une proposition aussi réjouissante que presque autobiographique : « Entourage ».

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Dès le titre tout est dit. La conquête de Los Angeles ne peut que s’effectuer en bande. Au royaume mondial des stars, un homme seul n’a aucune chance. Le créateur sait de quoi il parle. Il a tellement réussi que la prestigieuse chaîne câblée HBO lui a offert huit saisons pour le raconter. Et il a tout dit. De la lose des petits gars du New Jersey captivés par les micros bikinis des blondes artificielles au prix à payer pour devenir bancable. C’est-à-dire être autorisé par l’aristocratie du show-business à continuer de faire tourner la roue de la fortune.

Suivre Vinnie Chase, un acteur dont le principal argument artistique tient d’abord au contraste étonnant entre sa chevelure noir corbeau et ses yeux bleus des mers du sud, c’est accepter de suivre les siens. Son frère Johnny Drama, l’incarnation d’une carrière constituée de rendez-vous manqués. Ses amis Turtle et Eric. Aussi désassortis que Laurel et Hardy. Le premier très enrobé vit très bien le fait d’être le plan B de toutes les groupies de la vedette. Le second tente de mettre de l’ordre dans le chaos quotidien d’ados subitement doté du pouvoir d’achat d’un mannequin qui défile pour Victoria’s Secret.

Les auteurs auraient pu se contenter de nous entraîner dans les coulisses. On était déjà preneurs. D’ailleurs, ils ne se dérobent pas. Ils sont à la hauteur de nos fantasmes. Ils nous offrent le tour VIP de la machine à fabriquer du rêve. Et oui, on aime ça. Mais la vraie force d’«Entourage » est ailleurs. Elle est dans la générosité du propos et dans le goût des hommes. Ces quatre-là ont le panache des Mousquetaires. Ils ne baissent jamais les bras. Ils ont inventé leur propre code de l’honneur. Et ils assument solidairement les catastrophes en chaîne qui en résultent. Ils assouvissent ainsi un autre fantasme. L’un de ceux sur lequel la vie nous conseille vivement de faire une croix à l’âge adulte. La fraternité comme valeur cardinale. Ensemble ou pas du tout.

Alors que la fin d’année approche et avec elle, les réveillons qui réveilleront des blessures familiales et/ou intimes, « Entourage » propose un antidote naturel. Son cocktail de soirées glamour et de jours sans assaisonné à la sauce ultra burlesque fait un bien fou. Même si le rêve en prend un coup.

 Entourage. 8 saisons. OCS.

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