en partenariat avec Fleuve Editions
i n t e r v i e w
« Il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre… »
Cinq romans, cinq polars : Hervé Commère persiste et signe, et il a bien raison. A l’occasion de la parution de « Ce qu’il nous faut c’est un mort », il nous parle du métier d’écrivain, de son parcours, de ses espoirs… Interview après les heures de bureau !
Vous n’êtes pas (encore) écrivain à plein temps. Quel est votre autre métier ?
J’ai été patron de bar pendant quinze ans. Et puis, ma compagne et moi avons décidé de quitter la Bretagne pour venir à Paris. Elle avait envie de faire du théâtre et est entrée au cours Florent. Quant à moi, j’ai cherché du travail, et j’ai trouvé un petit métier dans une librairie qui avait mis mon premier roman en coup de cœur. Je travaille à la réception, c’est-à-dire que je déballe les cartons de livres toute la journée ! J’ai servi des milliers de clients pendant des années, et là je ne suis pas mécontent de rester dans les coulisses.
Aviez-vous envie depuis longtemps de devenir écrivain ?
Après le bac, j’ai fait une fac de lettres et j’écrivais déjà. Dans tous les styles, des nouvelles, de la poésie, des paroles de chanson. Et puis je me suis lancé dans un roman, une histoire d’amitié entre trois garçons et là encore, j’ai pensé que cela partait dans tous les sens. J’avais d’ailleurs envoyé mon manuscrit à trois éditeurs et j’avais essuyé trois refus. Et puis j’ai lu « Les morsures de l’aube » de Tonino Benacquista. J’ai adoré et me suis lancé dans un policier… que je n’ai fait lire à personne. Je pensais que tant qu’on ne me disait pas non, je pouvais imaginer que je détenais un chef d’œuvre en puissance ! Mais au fond, je savais qu’il n’était pas terrible. Alors j’en ai écrit un troisième et cette fois j’étais content. Il s’intitulait « J’attraperai ta mort » et il a été publié chez un petit éditeur.
Quel fut le point de départ de ce cinquième roman (voir critique ci-contre) ?
Au moment de la construction du barrage de Sivens il y a un an et demi, des affrontements se sont produits entre les militants écologistes et les forces de l’ordre. Il y a eu un mort et, dès lors, tous les projecteurs se sont braqués sur ce projet… qui a fini par être abandonné. Ce fut ma première idée : la mort de quelqu’un servant une cause. Je me suis souvenu aussi d’une histoire qu’on m’avait racontée : dans les années cinquante, un patron invitait à Noël, chez lui, tout le personnel de l’usine. A sa mort, l’entreprise a été reprise par quelqu’un d’autre et cet esprit a disparu. J’avais envie cette fois, qu’en plus de l’enquête proprement dite, il y ait un environnement romanesque.
Vous documentez-vous avant d’écrire ?
Je l’ai fait pour la première fois avec ce roman. J’ai notamment lu un livre incroyable de Günter Wallraff, « Parmi les perdants du meilleur des mondes », et je me suis inspiré de l’une de ses histoires pour l’avocat de mon roman.
Quel est le fil rouge entre tous vos livres ?
Le fait, je crois, qu’on n’en veuille jamais aux personnages. Il n’y a pas les gentils d’un côté et les méchants de l’autre, tous ont du bon et du mauvais. Je crois aussi qu’à chaque fois, je raconte une histoire, mais aussi tout ce qui se passe à côté de mes personnages.
Avez-vous l’impression que ce roman-ci est un peu différent des autres ?
Je crois que c’est le premier sur lequel je travaille autant. Je vais être papa en août, et ce livre signe le début de ma nouvelle vie !
Lire un extrait de « ce qu’il nous faut c’est un mort »