l a c r i t i q u e i n v i t é e Ilana Moryoussef (France Inter) a choisi « Même si elle a publié d’autres livres en France, comme « Le Bruit de nos pas » et « De face sur la photo », Ronit Matalon est beaucoup moins connue qu’une Zeruya Shalev par exemple. Elle est morte prématurément l’an dernier, et son éditrice-traductrice, qui s’est démenée pour la faire lire en France, publie son dernier roman, « Et la mariée ferma la porte ». C’est un court texte de 140 pages, qui n’est pas sans rappeler les comédies italiennes à la Dino Risi. Une jeune femme, Margui, s’enferme dans sa chambre à la veille de son mariage et ne veut plus en sortir. Elle refuse également de parler. Un personnage principal qui ne dit pas un mot, c’est un vrai défi. Personne autour d’elle ne comprend ce qui se passe et Ronit Matalon décrit toute la palette de sentiments qui traversent son fiancé, sa mère, ses futurs beaux-parents. La jeune femme se contente, en guise d’explication, de glisser sous la porte un poème qu’elle a tranformé un peu. La famille imagine 1001 stratagèmes pour la faire parler, et a même l’idée de faire venir un psy spécialisé dans « les échappées nuptiales ». Comme elle refuse de lui ouvrir la porte, il monte sur une grue et va toquer à sa fenêtre. Tout se désagrège autour d’elle, mais elle reste muette. On devinera au cours du récit que tout ceci est lié à la disparition de sa sœur survenue une dizaine d’années plus tôt à la sortie de l’école. C’est un roman sur ce que cela signifie de dire non, un peu comme le Bartleby de Melville et son « I would prefer not to »… C’est un récit qui, à la fois, parle de choses vraiment graves, et fait rire. » Propos recueillis par Pascale Frey
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