Lire c’est déjà sortir ! Karine Tuil Quelques jours avant le confinement, j’ai acheté quatre livres : un recueils de textes de Charles Péguy, des poèmes d’Emily Dickinson, la correspondance d’André Gide et… « La fin de l’amour » d’Eva Illouz – sans doute l’un des meilleurs livres de cette écrivaine, directrice d’études à l’EHESS à Paris et qui occupe la chaire Rose Isaac de sociologie à l’université hébraïque de Jérusalem. Elle y livre une réflexion, une enquête sociologique, un texte puissant sur « la liberté de ne pas choisir et de se désengager ». L’auteure de « Pourquoi l’amour fait mal » démonte les mécanismes intimes, économiques et sociétaux qui mènent à « la fin de l’amour », révèle le désenchantement et la brutalité d’une société « où l’on évite de tomber amoureux, où l’on devient indifférent à celui ou celle qui nous tenait éveillé la nuit, où l’on cesse d’aimer. » Son travail est nourri de témoignages et d’entretiens qui apportent une vitalité particulière au texte. Dès les premières pages, le lecteur est happé par sa plume alerte et précise, une intelligence qui se déploie sans afféterie – mais pas sans affect. Disons-le d’emblée : c’est un texte qui remue/secoue/dérange/ ébranle nos certitudes et jusqu’à nos attitudes – l’équilibre d’une vie – mais n’est-ce pas ce qu’on attend d’un livre ? K.T |
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