Librairie du Roule (Neuilly)

illustration Brigitte Lannaud Levy (Dr.)

Depuis 18 ans qu’elle a repris cette librairie créée en 1945 à Neuilly-sur-Seine, Martine Dubois se sent bien dans ce quartier où autrefois coulait une rivière appelée Le Roule. D’où le nom de la grande avenue où se situe sa librairie baptisée du même nom. Elle nous raconte qu’une fois la rivière asséchée, cela offrit à Antoine Parmentier l’espace idéale pour cultiver ses pommes de terre et construire sa renommée d’agronome promoteur de la patate. Vous l’avez compris, Martine Dubois aime les histoires, tout autant que Neuilly-sur-Seine. Au triangle des Sablons, entre le marché et deux grandes rues commerçantes, vous ne pouvez pas rater sa jolie devanture rouge vermillon. Amoureuse de la langue française elle est associée au Prix Richelieu de la Francophonie qui la défend dans tous les pays francophones. Pour les rencontres qu’elle organise avec les auteurs, ne disposant que de 30 mètres carrés, elle donne rendez-vous aux lecteurs à la brasserie qui est juste en face,  Le Marly.  « Un vrai village » nous dit-elle.

Quel roman nous conseillez-vous vivement de lire ?
« À son image » de Jérôme Ferrari (Actes Sud). Dans un village corse, une adolescente reçoit un appareil photo de son oncle prêtre, qui est aussi son parrain. Elle devient reporter de guerre et l’on suit cette vocation et les tourments qui l’accompagnent. C’est très joliment raconté et surtout remarquablement bien écrit.

Et du côté des auteurs étrangers, quel est votre coup de cœur ?
« Le meurtre du commandeur» de Haruki Murakami (Belfond). Cet immense auteur japonais nous offre toujours de très beaux romans. Ce dernier, en deux tomes, raconte l’histoire d’un jeune peintre en panne d’inspiration qui part dans une montagne isolée à la rencontre d’un artiste de génie.

Y a-t-il un premier roman qui vous a particulier marqué ?
Il y a eu beaucoup de battage autour de « La vraie vie » le premier roman d’Adeline Dieudonné (L’iconoclaste) qui du coup m’a marquée.  Mais pour autant je ne suis pas certaine que son talent soit à la hauteur de tout ce bruit médiatique.

Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« Les frères Lheman » de Stéphano Massini (Éditions Globe). Cet énorme pavé de plus de 800 pages sur la grandeur et la chute d’un empire familial est conçu de façon très originale avec une phrase par ligne. Ce roman  a l’air captivant.

Quel est le livre culte, le plus emblématique de la librairie  que vous défendez avec ferveur depuis toujours?
« Corps et âme » de Frank Conroy (Folio). L’histoire d’un jeune garçon pauvre à New-York dans les années 40. Seul dans une cave où il est enfermé il ne voit le jour que par un soupirail. Il y trouve un petit piano désaccordé. Il va seul déchiffrer les notes et découvrir la musique. Sa vie va en être bouleversée.
Mais il y a aussi « Le poids des secrets » de la Japonaise Aki Shimazaki. C’est une série de 5 courts textes réunis en coffret (Babel). C’est à chaque fois une histoire simple, surprenante, bouleversante. Homme ou femme tout le monde y revient.

La saison des prix d’automne est terminée. À qui auriez-vous donné le Goncourt ?
Sans hésiter à Philippe Lançon pour « Le lambeau », chez Gallimard. Je m’étais dit pourtant que j’en avais assez de toutes ces histoires d’attentats. Je pensais , vu le pavé qu’est ce livre que j’allais le lire en diagonale. Et pourtant je ne l’ai pas lâché, sa sensibilité est inouïe, son écriture très belle.

Une brève de librairie
J’ai un petit chien, un cocker bleu qui s’appelle Cosima. Tous les enfants du quartier aiment pousser la porte de la librairie pour venir lui dire bonjour. C’est notre mascotte. Mais ce qui me touche profondément dans ma vie de libraire,  ce sont tous les anciens stagiaires qui reviennent spontanément me voir et me proposer un coup de main. C’est la passion du métier qui se communique.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie du Roule
67 avenue du Roule
92200 Neuilly-sur-Seine