Pieter Hugo
Prestel

228 p.  48 €
 
 
 

La Nouvelle chambre claire (Paris)

illustration Brigitte Lannaud Levy

Défendre le livre comme le meilleur espace pour montrer le travail des photographes et les imposer comme des auteurs à part entière, voilà comment pourrait se résumer la vocation de cette très belle librairie parisienne. Celle-ci vient d’être reprise par deux de ses libraires, Catherine Rambaud et Jensen, pour poursuivre son aventure sous le nom de « La nouvelle chambre claire », référence au célèbre ouvrage de Roland Barthes.

Quand, en 1980,  Monsieur Zahar a créé rue Saint-Sulpice à Paris la librairie « La Chambre claire », il n’existait alors dans la capitale aucun lieu de ce genre spécialisé dans la photo.  Il est vite devenu incontournable pour tous les professionnels, collectionneurs ou simples passionnés de cette discipline. C’est en 1986 que Jensen en prend les rênes comme libraire pour y  incarner avec la passion qui l’habite toute l’âme de cet endroit nourri d’échanges et de rencontres.  Aussi quand Monsieur Zahar a décidé de lâcher l’affaire l’automne dernier pour prendre sa retraite, c’est tout naturellement que Jensen épaulé de Catherine Rambaud  (elle-même libraire dans ces lieux depuis 2010) ont relevé le défi de reprendre le fonds et de trouver un nouvel espace. C’est le 18 septembre dernier que la librairie-galerie « La nouvelle chambre claire » a ouvert ses portes rue d’Arras, dans le cinquième arrondissement de Paris. Toute la profession, photographes et éditeurs se sont  mobilisés pour soutenir cet espace qui leur est cher et dont l’ambition  première est de  porter un nouvel œil sur la photographie contemporaine. Raymond Depardon en est le parrain, gage de qualité et de beaux lendemains.  Des expositions y sont organisées très régulièrement et des évènements de type rencontres et dédicaces.  C’est Catherine Rambaud qui nous reçoit aujourd’hui pour partager ses coups de cœur.

Quel beau livre photo souhaitez-vous mettre particulièrement en lumière ?
« Deep Night » de David Nissen (auto-édité).  Directeur de la photo pour le cinéma, les clips et la pub, nous aimons  particulièrement son regard et l’avons exposé jusqu’au 20 octobre dans notre galerie. Il nous dévoile dans ce livre un travail sur la nuit, en jouant principalement sur les noirs, bien que son traitement photographique soit la couleur. C’est très beau.

Quel livre d’un maître de la photo pouvez-vous nous faire découvrir ?
«  Dr Blankman’ New-York Kodacromes 1966-1967 » de l’immense Tod Papageorge. Très connu pour son travail en noir et blanc, sur les conseils d’un ami il a pris cette série de street photos en kodacrome  dans l’espoir de vendre ses images plus facilement aux magazines.  Le résultat est réuni dans ce beau livre.

Et du côté du regard des femmes que nous recommandez-vous ?
« Pigalle People 1978-1979 »  de Jane Evelyn Atwood (Editions le Bec en l’air). Alors qu’elle réalisait une série de photos sur les prostituées de la rue des Lombard, la jeune photographe  franco-américaine rencontre des transsexuelles du quartier qu’elle photographie sans pour autant dévoiler et publier le résultat. Ce n’est qu’aujourd’hui , quarante ans plus tard que refait surface ce témoignage unique sur cette vie poignante des trans en lutte avec la drogue, la violence, le sida.  Dans la post-face du livre,  elle dévoile son attachement sincère pour ses modèles qui pour certaines sont devenues des amies.

Quel est le livre culte le plus emblématique de la librairie ?
Le livre-rétrospective de l’œuvre photographique du Sud Africain Pieter Hugo  (Prestel ). Il porte un regard aussi puissant que juste et très humain sur le quotidien des gens  dans les communautés africaines. Sa démarche est toujours frontale  quoique parvenant à mélanger les genres entre tradition et modernité.  Quand on veut montrer à un jeune photographe une œuvre qui fait autorité, on en vient toujours à ce magnifique livre de Pieter Hugo.   C’est une telle source d’inspiration.

Brève de librairie
Pour nous soutenir, les photographes les plus connus, mais aussi les plus jeunes ont pris l’habitude de venir spontanément à la librairie en dehors de tout événement particulier pour pré-signer leurs ouvrages. Ce qui provoque de jolies rencontres impromptues et crée de véritables impulsions d’achat pour les lecteurs.  C’est une bien jolie façon de nous soutenir, nous qui soutenons leur travail.

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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La nouvelle chambre claire
3 rue d’Arras
75005 Paris
01 42 01 37 36

 

 

 

 
 
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