La Virevolte (Lyon)
©Ill.Brigitte Lannaud Levy
Parce que c’était elle, parce que c’était lui, dirait-on selon l’expression de Montaigne. Cette librairie c’est avant tout une histoire d’amitié. Elle c’est Sophie Agraphioty, lui c’est Olivier Paulais. Pendant des années où ils étaient confrères et amis, ils rêvaient un jour d’avoir leur librairie à eux. Leurs chemins se sont séparés pour mieux se retrouver quand Sophie a eu l’opportunité de reprendre la librairie « L’étourdi de Saint-Paul » qui allait fermer ses portes. Ils ont alors recréé tout le concept de l’enseigne, agrandi les lieux en construisant une mezzanine, refait la déco. Ils ont cherché un nouveau nom et « La Virevolte » s’est imposée à eux lors d’un brainstorming entre copains. Ils l’ont trouvé très vivant et plein de mouvement. Ça leur ressemble et c’est en résonance avec une maison d’édition « La volte » qui publie l’œuvre d’Alain Damasio un auteur culte. Ça n’était vraiment pas pour leur déplaire, au contraire.
Quel roman nous conseillez-vous de lire ?
Justement, reparlons d’Alain Damasio. 15 ans après son chef-d’œuvre « La horde du contrevent », il revient enfin avec un nouveau roman « Les furtifs » (La Volte). On y retrouve son univers avec toute l’importance politique latente. Quand on lit ce texte, on a tout simplement envie d’être vivant. Il nous plonge dans une société en 2040 où tout est privatisé, hyper connecté, où les multinationales dominent. On y découvre des créatures qui vivent dans les interstices, dans les angles morts on les appelle les furtifs. Si on les approche, ils se transforment en céramiques, se pétrifient et meurent. On va suivre l’histoire haletante d’un couple dont l’enfant a disparu et que la mère va rechercher chez les furtifs.
Du côté de la littérature étrangère que nous conseillez-vous ?
« La note américaine » de David Grann (Éditions du Globe). Il vient de sortir en poche, ça se lit comme un excellent polar. Ça raconte le peuple indien Osage qui s’est vu en 1921, après les guerres, attribuer un territoire au fin fond de l’Oklahoma. Or celui-ci se trouve sur un énorme gisement de pétrole, qui les rend millionnaires. Suite à des assassinats en série le jeune Edgar J Hoover du Bureau Of Investigation est envoyé sur place pour enquêter. C’est à partir de là qu’il va créer les méthodes de ce qui deviendra le futur F.B.I. C’est passionnant.
Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marquée ?
«Rien d’autre sur terre» de Conor O’Callaghan (Sabine Wespieser). C’est un romancier irlandais qui écrit aussi de la poésie. Il nous raconte l’histoire d’une famille qui revient dans le village de leurs parents pour s’installer en 2008 dans une maison témoin. Il y a le père, sa femme, sa belle sœur et leur fille. Cette dernière va voir le prêtre de cette ville fantôme pour dire que son père a disparu et ce n’est pas le premier. La force de la langue est telle que rien n’est jamais dit, tout est en sous-entendu, c’est aussi beau que fascinant.
Quel est le livre culte pour vous que vous défendez avec ferveur ?
«Les buveurs de lumière » de Jenni Fagan (Métaillié). C’est notre premier gros coup de cœur commun avec Olivier depuis que l’on a ouvert notre librairie. D’habitude on se partage les lectures, mais là on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on le lise tous les deux. Alors que le monde plonge dans l’âge de glace, Dylan qui a vécu toute sa vie dans un cinéma d’art et d’essai à Soho, hérite d’une caravane dans un parc dans le nord de l’Écosse. Il y rencontre une mère, sa fille et des marginaux qui tentent de faire face au froid alors que les températures plongent. Les personnages sont sublimes, les paysages magnifiques. Un roman inoubliable.
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
« L’agneau carnivore » d’Augustin Gómez-Arcos (Points Seuil). Je ne peux pas vous raconter l’histoire, car j’aime arriver vierge dans la lecture d’un texte dont on m’a dit qu’il est extraordinaire. Il fait partie selon Olivier de ses indispensables, et ça, c’est signe de qualité.
Une brève de librairie
Ce qui me marque c’est le nombre de gens qui nous disent « C’est génial ce que vous faites » et qui proposent de nous aider amicalement en participant au projet. Comme Remy qui nous fait des vidéos ou Virginie qui nous propose de nous ouvrir sa maison pour des évènements. Tous ces gens que l’on ne connaissait pas avant et qui veulent faire partie de l’aventure.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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La Virevolte
4 rue Octavio Mey
69005 Lyon
04 78 39 41 57