Illustration Brigitte Lannaud Levy
Impossible, à Vienne, de passer à côté du Forum, l’un des plus beaux monuments de la Gaule romaine. En face de ce temple d’Auguste et de Livie édifié au 1er siècle avant J.C vous ne pourrez manquer la majestueuse librairie Lucioles. Éclairante et lumineuse au cœur de l’obscurité, à l’image de ces petits insectes, voilà comment Michel Bazin et Norbert Parazon ont imaginé leur librairie lorsqu’ils l’ont créée en 1976. Donner le goût de la lecture et ouvrir les esprits à la culture est la mission qu’ils s’étaient assignée à l’époque et que poursuit aujourd’hui fidèlement la toute jeune équipe à qui Michel Bazin a passé la main : Renaud Junillon son bras droit depuis des années et Alain Bélier, fidèle lecteur, tous deux co-gérants de l’enseigne depuis 2011. Durant les quarante dernières années et après plusieurs déménagements, la librairie s’est développée considérablement en passant de 30 m2 aux actuels 200 m2. Au fil des ans, de nombreuses initiatives ont vu le jour : le Prix lucioles (l’un des premiers prix de libraire en France), le prix junior, le prix lycéen et le prix BD, tout cela assorti d’une politique d’animations et de rencontres très soutenue. C’est Renaud Junillon qui nous accueille pour nous faire partager ses livres-coups de cœur.
Quel est le dernier roman français qui vous a particulièrement marqué ?
« Veracruz » d’Olivier Rolin (Verdier). Dans ce texte, nous retrouvons Suzanne, femme mystérieuse dont le narrateur est amoureux et que l’on avait déjà croisée dans l’œuvre de Rolin. Autour de cette figure féminine centrale d’une grande sensualité se noue un drame dont trois hommes qui la désirent ou la craignent sont les acteurs. L’auteur à travers ces quatre voix, exprime différents niveaux de vérités et aborde par ce biais le pouvoir de la littérature et de l’écriture.
Et du côté des romans étrangers, que nous conseillez-vous de lire ?
« À la lumière de ce que nous savons » le premier roman de Zia Haider Rahman (Christian Bourgois) est un énorme coup de cœur pour moi. Cinq cents pages exigeantes, captivantes, fascinantes. Une construction magistrale autour des retrouvailles vingt ans après de deux anciens amis de faculté, l’un bangladais l’autre afghan. Une fiction d’une grande ampleur qui aborde à travers le parcours de ces deux hommes, des thèmes majeurs : la lutte des classes, l’exil, le terrorisme, la condition humaine contemporaine.
Quel est le livre-culte pour vous, qui est le plus emblématique de la librairie ?
« Les saisons » de Maurice Pons qui vient tout juste de disparaître en juin dernier (Christian Bourgois). Une de mes premières découvertes quand je suis arrivé à la librairie. Un roman fabuleux, nous le remettons sans cesse sur la table de nos choix. Une histoire sombre, dérangeante, kafkaïenne à souhait, mais magnétique. C’ est un grand classique, il y a ceux qui l’ont lu et les autres. Et pour les premiers c’est l’un des plus beaux livres qui soit.
Quel grand roman d’été nous conseillez-vous ?
Un poche: « Confiteor » de Jaume Cabré (Babel). Un bon gros livre sorti il y a trois ans qui brasse une belle histoire d’amour et la grande histoire, de l’inquisition à l’Allemagne nazie en passant par la dictature espagnole. Une réflexion sur la mémoire, le souvenir et sur le mal qui peut se cacher en chacun de nous.
Brève de librairie :
Comme tous nos confrères, nous avons des perles comme « Avez-vous la ferme des animaux d’Orson Welles ? », mais celle qui m’a amusée, c’est un homme qui voulait savoir si nous avions « Homicides multiples dans un hôtel du bord de Loire » de l’écrivain de polar anglais L.C Tyler (Sonatine). Nous lui répondons par l’affirmative et là, très amusé, il nous rétorque « C’est moi l’auteur ». Il voulait juste vérifier que nous avions son livre.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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13_15 Place du Palais
38200 Vienne
04 74 85 53 08