Librairie Lune et l’autre à Saint Etienne
illustration Brigitte Lannaud Levy
Quand elles ont repris la Librairie Blandine Blanc en 2007 et que l’envie leur est venue de la rebaptiser, elles ont tourné autour du mot lune qu’elles aimaient bien. Comme elles formaient un duo féminin, le poétique jeu de mot « Lune et l’autre » s’est imposé. Marie Marcon et Céline Guilbaud libraires aguerries se sont rencontrées à la Fnac de Lorient où elles travaillaient ensemble. L’une, orientée littérature, l’autre jeunesse, elles ont fait de leur complémentarité une force. C’est en 2015 qu’elles ont repensé les lieux de fond en comble pour une plus grande facilité d’accès aux livres et une meilleure mobilité des tables afin de faire de l’espace pour les nombreuses rencontres qu’elles organisent. Elles ont choisi une décoration design avec une devanture et une identité visuelle forte, au graphisme original. C’est sur un grand tableau noir auquel elles sont très attachées, qu’elles inscrivent le menu du jour, c’est-à-dire leur programme de rencontres, ou qu’elles mettent en avant les ouvrages qui ont retenu plus particulièrement leur attention. Constamment tournée vers l’extérieur en partenariat avec les associations et la Médiathèque, leur librairie s’est imposée comme un acteur incontournable du terrain culturel stéphanois. Aujourd’hui c’est Marie Marcon qui nous accueille au nom de « Lune et l’autre » pour partager leurs derniers coups de cœur littéraires.
Quel roman nous conseillez-vous de lire?
Sans hésiter « L’ordre du jour » d’Éric Vuillard (Actes Sud). Nous sommes tellement contentes qu’il ait reçu le prix Goncourt. C’est un excellent livre que l’on soutient depuis sa parution.
Et du côté des auteurs étrangers ?
On a de la chance, c’est à nouveau un auteur que l’on aime de la première heure qui vient d’être distingué du prix Médicis étranger : « Les huit montagnes » de Paolo Cognetti (Stock). C’est un jeune écrivain qui a tout de l’immense Mario Rigoni Stern. Il nous parle si bien de l’enfance, l’amour, l’amitié, la montagne, la tradition. Son écriture est d’une grande beauté, exigeante, mais fluide.
Y a- t-il un premier roman qui vous a particulièrement marquée ?
Celui d’Emmanuelle Favier, « Le courage qu’il faut aux rivières » (Albin Michel). Un livre très surprenant, au thème original et bien maîtrisé. En Albanie selon un tradition acceptée par tous, l’héroïne renonce à sa condition de femme pour acquérir le droit des hommes. Il y a une part de mystère très forte dans ce texte. C’est réussi.
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Il y en a un sacré nombre, mais je voudrais prendre le temps de me plonger dans la réédition par Gallmeister des ouvrages de Wallace Stegner, un auteur dans la pure tradition de « Nature Writing».
Quel est le livre que vous défendez depuis toujours avec ferveur et qui est le plus emblématique de la librairie?
Impossible de n’en choisir qu’un, j’en retiens trois :
« Le garçon dans la lune » de Kate O’Riordan (Joëlle Losfeld) un texte bouleversant sur la fragilité des sentiments.
« Montana 1948 » de Larry Watson (Gallmeister). Un magnifique roman d’apprentissage où un shérif doit choisir entre la loyauté à sa famille et la justice.
« La pêche blanche » de la Canadienne Lise Tremblay (Bibliothèque Québécoise). Un très beau roman sur la nature des histoires familiales, les lieux de l’enfance.
Une brève de librairie :
Le nom de la librairie « Lune et l’autre » nous a été soufflé par une personne qui en a eu l’idée en se rasant. Ça nous a amusées de penser à l’anecdote de celui qui à une occasion identique a pensé à devenir président de la République.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Lune et l’autre
19 rue Pierre Bérard
42000 Saint Etienne
04 77 32 58 49