Librairie nouvelle (Asnières)
©Ill.Brigitte Lannaud Levy
Elle s’appelle la Librairie nouvelle et pourtant, en digne octogénaire, elle accompagne pas moins de trois générations de lecteurs à Asnières depuis 1936, date de sa création. En 2015, six ans après avoir repris l’enseigne, Laurent Bojgienman et Hélène Bourdin l’ont déménagée et se sont installés dans les vastes locaux d’une banque. D’habitude, c’est le contraire qui arrive. Ce sont les banques qui prennent la place des librairies , ça mérite bien de le souligner pour une fois que c’est l’inverse. Ce déménagement leur a permis de se déployer sur 220 mètres carrés baignés de lumière et offrant un bel agencement, ce qui leur permet d’organiser des rencontres avec des auteurs ou des éditeurs une à deux fois par mois. Toute leur activité en livres et papeterie est ainsi réunie sur un seul niveau. Ce qui est bien pratique pour tout le monde. Et c’est avec une certaine fierté – bien légitime- dans la voix qu’ Hélène Bourdin nous précise qu’ils sont aujourd’hui la troisième librairie des Hauts de Seine. On n’arrête plus cette équipe qui gagne. Avec Laurent Boigienman qui a une solide formation dans la gestion, ils poursuivent leur aventure entrepreneuriale en ouvrant en décembre 2018 une seconde librairie, Nouvelle et Cie à Bois-Colombes. C’est Hélène Bourdin qui nous reçoit aujourd’hui pour nous faire part de ses coups de cœur.
Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« Transparence » de Marc Dugain (Gallimard). Un roman d’anticipation qui se déroule dans un futur proche. Tout en nous projetant dans un monde de demain, il nous raconte celui d’aujourd’hui avec toutes les questions qui se posent sur le climat, l’intelligence artificielle, le transhumanisme. L’intrigue est prenante et surtout on y apprend plein de choses.
Du côté de la littérature étrangère que nous conseillez-vous ?
« Le chant des revenants » de la romancière américaine Jesmyn Ward (Belfond). Un roman puissant porté par une langue très belle avec des personnages forts que l’on n’oublie pas. Une histoire qui raconte l’Amérique noire en proie au racisme et à la misère.
Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Marx et la poupée » de Maryam Madjidi (Le nouvel Attila) . Un texte coup-de-poing qui traite de façon singulière de l’exil. Maryam jeune Iranienne réfugiée à Paris raconte l’abandon de son pays natal, l’acquisition de la nouvelle langue, le mélange avec la langue d’origine et son effacement progressif. Elle construit son roman comme un conte en jouant de sa double appartenance.
Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
Il y en a deux . Le premier est un album de bande dessinée « Zaï Zaï Zaï » de Fabcaro (6 pieds sous terre). C’est l’ouvrage le plus fédérateur de la librairie. Notre very best seller depuis 2015. On aime son ton décalé, mordant, insolite autour de cette histoire de fugitif qui décrit toutes les figures marquantes et les travers de nos sociétés. On peut le conseiller à tous, cette histoire est universelle, personne ne peut rester extérieur, chacun s’en empare. Le deuxième livre est une pépite islandaise « La lettre à Helga » Bergsveinn Birgisson (Zulma) . Avant toute chose, c’est l’immense cri d’amour d’un homme à une femme. Alors qu’il a fait le choix de ses brebis plutôt que de vivre son amour pour elle, dans un monologue il s’ouvre à elle, au plus profond de ses sentiments et de ses regrets. Écrit dans une langue magnifique, c’est une véritable ode à la nature.
Quel roman vous êtes-vous promis de lire ?
« La nuit des temps » de Barjavel. Sans nous concerter, Laurent et moi avons eu le même livre en tête pour répondre à cette question. C’est drôle et c’est un signe en même temps. Dix ans d’association heureuse, ça crée des liens.
Une brève de librairie.
Notre credo c’est être libraire avant tout, quelles que soient les circonstances. Un samedi, nous avons eu une coupure d’électricité. Nous avons tenu deux heures à la lampe torche et aux bougies pour contenter nos clients. Ça a provoqué de bien drôles d’échanges. Tout le monde s’est mis à chuchoter, le lieu est devenu plus confidentiel, une certaine douceur et de l’empathie se sont glissées dans les relations avec les clients.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie nouvelle
57 Grande rue Charles de Gaulle
92600 Asnières-sur-Seine
01 47 93 06 11