Aimé Cesaire
Presence Africaine
juillet 2000
92 p.  5 €
 
 
 
Cheikh-Anta Diop
Editions Présence Africaine
juillet 2000
564 p.  15,20 €
 
 
 

Librairie Présence Africaine
illustration Brigitte Lannaud Levy

Vous ne pouvez pas rater cette librairie du quartier latin, située à deux pas du Collège de France. Sur son fronton, on distingue le motif majestueux d’un haut de masque Dogon couleur soleil sur fond ébène. Ce dernier représente un homme debout,  un symbole puissant pour l’homme noir et son continent, l’Afrique.  Avant d’être l’incontournable librairie du monde africain au cœur de Paris qui a ouvert ses portes dans les années 60, « Présence Africaine » est une revue fondée en 1947 par Alioune Diop (1910-1980). Elle existe encore aujourd’hui. C’est aussi une prestigieuse maison d’édition, dirigée par Christiane Diop, veuve du fondateur qui publie des auteurs d’Afrique au sens large, à la fois du continent et de la Diaspora.  Libraire depuis presque 20 ans en ce lieu historique d’échanges et de rencontres, Marie Odile Boyer nous reçoit pour nous faire découvrir et partager cette littérature exigeante et foisonnante.

Quel roman actuel de littérature africaine francophone nous conseillez-vous de lire ?
« Terre ceinte » du jeune auteur sénégalais Mohamed  Mbougar Sarr  (Éditions Présence Africaine).  L’histoire se situe dans une région d’Afrique sahélienne sous domination récente et extrêmement violente des islamistes. Il décrit la population : ceux qui résistent et ceux qui sont écrasés, victimes comme oppresseurs, tout en dévoilant la part d’humanité en chacun des personnages où qu’ils se situent. Un texte lucide et bien écrit qui aborde le djihadisme sous un angle inattendu.

Et du côté de la littérature africaine anglophone ?
« Notre quelque part » de l’auteur ghanéen Nii Ayikwei Parkes (Éditions Zulma). L’histoire se déroule au Ghana et ressemble à une enquête policière avec un pied dans le monde urbain contemporain et un autre dans la tradition ancestrale d’Afrique de l’Ouest. On oscille entre le réel et la magie des esprits.
Mais j’ai aussi envie de remonter dans le temps pour vous parler de « Harlem » de Eddy L. Harris. (Liana Levi), que  je n’ai jamais cessé de conseiller autour de moi.  L’auteur qui s’installe à Harlem pour y écrire une chronique, se trouve confronté à une profonde misère humaine et assiste à l’effondrement physique et moral des habitants. Il porte alors un regard très critique sur cette situation, pensant que les Noirs font leur propre malheur. Ce qui l’amène à une introspection passionnante sur ce sentiment de jugement qu’il éprouve. Mais aussi sur la chance qu’il a eue de sortir d’un milieu qui semble prédestiné, grâce à l’abnégation de son père. Un texte qui change le regard qu’on porte sur soi et sur les autres.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie et que vous défendez avec ferveur ?
Il y a deux livres piliers : « Nations Nègres et cultures » de Cheikh Anta Diop  (Présence Africaine) qui démontre l’antériorité des civilisations noires dès l’Égypte antique, et « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire (Présence Africaine), sa première œuvre poétique qui crie son attachement à sa terre, à son peuple, à la force de son peuple qui a traversé l’ignominie de l’esclavage. Breton avait lui même été touché par ce texte profondément surréaliste.

Quel livre d’été nous conseillez-vous ?
Tous les polars de l’auteur malien Moussa Konaté (Points policier). Ça change des romans suédois. Une équipe de deux inspecteurs, l’un jeune et l’autre très expérimenté  enquêtent aux quatre coins du Mali sur des meurtres perpétrés au sein des différents peuples qui composent cet immense pays: Dogons, Touaregs,  Bozos… Du roman noir qui nous ouvre aux cultures des autres.

Une brève de librairie
Un moment un peu surnaturel : un client s’approche du rayon poésie et son regard s’accroche au  « Cahier d’un retour au pays natal » de Césaire, et là, il se met à déclamer, de mémoire, les premiers vers. Quand il s’arrête un autre client qui avait tourné la tête en l’entendant prend la suite, puis un troisième. Et pendant un moment ces trois hommes ont échangé comme s’ils se retrouvaient après une longue séparation…

 « Présence » c’est comme ça, un lieu assez magique, où les gens se rencontrent, se retrouvent, se ressourcent, se donnent rendez-vous, se cherchent… « Présence » est une source.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Librairie Présence Africaine
25 bis rue des Ecoles
75005 Paris
01 43 54 15 88

 
 
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