Les Kermarec, frère et sœur. Presque le début d’une légende bretonne. C’est la folle aventure familiale de Charles et Marie Paul, tous deux libraires depuis 1976, qui ont eu la vision et l’ambition nécessaires pour transformer en 1998 un vaste espace d’exposition plein de courants d’air en un superbe vaisseau amiral du livre et de la culture . C’est ainsi que Dialogues s’est déployé dans un lieu réinventé, baigné de lumière où soufflent tous les vents de la curiosité, des rencontres et des échanges autour de la lecture. Brest, ville bombardée pendant la guerre n’a pas eu la chance d’une reconstruction heureuse comme pour le Havre avec Auguste Perret. Mais elle peut avec la librairie Dialogues, s’enorgueillir d’être dotée d’une des plus vastes et belles librairies indépendantes de France. Elle a été la première à ouvrir un café en son sein, et elle y organise pléthore de rencontres pour les grands et les petits autour de la littérature, des arts, de la philo, de l’astronomie et des mathématiques… Lorsque Marie–Paul, âme littéraire de la librairie disparaît en décembre 2007, la ville reconnaissante a rebaptisé le parvis où se situe la librairie de son nom. Un bel hommage pour cette femme aux mille talents dont ceux du cœur, qui n’hésitait pas à raccompagner elle-même en voiture les lecteurs qui s’attardaient comme elle dans ses rayons. Son maître mot, vis-à-vis de ses 23 libraires: liberté. Celle de faire leurs propres choix d’ouvrages, d’imaginer des tables selon le goût de chacun avec l’idée merveilleuse de : « on se fait plaisir et on fait plaisir en retour ». Très important aussi l’esprit maison, « on doit se sentir comme chez soi, on n’est pas dans un musée ». Ici on peut lire paisiblement dans les rayons sans se sentir obligé d’acheter. Si Charles Kermarec est toujours sur le pont, il a fait venir à ses côtés il y a trois ans Delphine Leborgne pour diriger la librairie et continuer l’aventure initiée avec sa sœur défunte. C’est Julien Laparade qui a fait ses classes auprès de Marie Paul, qui nous reçoit aujourd’hui pour nous faire part de ses coups de cœur et partager avec ferveur sa fierté de travailler depuis vingt ans dans une si belle librairie que lecteurs et auteurs viennent visiter de très loin, « tout au bout de cette petite terre, que l’on nomme Finistère », pour passer un joli moment d’échanges autour des livres, des auteurs et de la vie. Une histoire de dialogue tout simplement. Quel roman nous recommandez-vous ? Et du côté des auteurs étrangers ? Y a-t-il un premier roman qui vous a marqué ? Quel livre vous êtes-vous promis de lire ? Quel est le livre le plus emblématique de la librairie, que vous défendez avec ferveur ? Et le second, « Un verger au Pakistan » de Peter Hobbs (Christian Bourgois). Un roman de 170 pages, une vraie pépite. L’histoire d’un garçon de 17 ans dont le seul tort est d’aimer une jeune fille de l’élite alors qu’il est d’une caste pauvre. Il va être condamné pour une faute qu’il n’a pas commise par le père de la jeune femme qui est un puissant politicien. Il est libéré au bout de quinze ans et un poète va l’aider à reconstruire sa vie avec des choses simples. C’est un livre thérapeutique qui délivre une philosophie étonnante, et essentielle. Vous vous occupez outre la littérature, du rayon des beaux livres et des livres animés. Que pouvez-vous nous conseiller dans ce domaine ? Une brève de librairie. Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy Dialogues
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