Les internautes l'ont lu
Un polar polaire
Je vous invite à enfiler votre doudoune, des moufles et un bonnet car je vous emmène dans le froid polaire à Kivikangas, un petit village au Nord de la Suède en bordure de la Finlande. Un ancien champion de ski, Lars-Erik Svanberg vivant reclus en ermite est découvert mort assassiné, la tête fendue en deux à la hache. Cela commence très fort. Katrine Hedstrand est journaliste, elle vit à Londres. Elle est appelée au chevet de sa maman à Stockholm car celle-ci perd la raison. Elle découvre en rangeant des documents un courrier d’une agence immobilière proposant une somme astronomique pour une maison à Kivikangas. Katrine est intriguée, elle n’a jamais entendu parler de ce village. Elle commence alors un voyage initiatique. Elle part là-bas voir cette maison dont elle ignore tout et mène l’enquête à la recherche de ses racines. Peu à peu, elle découvrira l’histoire de sa grand-mère Siri et de son grand-père accompagnés d’autres jeunes de l’époque attirés par le rêve du communisme. Idéalistes, ils espéraient y trouver une vie nouvelle. Nous sommes dans les années trente, ces jeunes vont tout quitter pour la Russie convaincus d’un monde meilleur. En cours de lecture, je n’ai pu m’empêcher de penser à « Purge » de Sofi Oksanen originaire de Finlande. J’ai trouvé passionnant de se replonger dans l’Histoire du pays, de voir quelle fut l’attitude des suédois face à ces rêveurs partis en quête du communisme et face à ceux qui sont rentrés au pays, bannis, emprisonnés comme espions durant la seconde guerre. On voyage à Petrozavodsk, Saint Petersbourg, on côtoie les services secrets, la mafia russe et on vit de multiples péripéties dans ce récit au rythme scandinave passionnant où le froid est un des acteurs principaux figeant les gens, enterrant l’histoire comme nous le suggère le titre. Un excellent moment, une belle découverte que je vous recommande. Ma note : 8.5/10 Les jolies phrases Quel effroi, assister au délitement de sa propre conscience, errer d’une pièce à l’autre en ayant oublié en chemin la destination initiale. Je crois que l’on ne fait que répéter ce que l’on a entendu, ajouta Eva-Lena comme pour tempérer les propos de son mari. La mémoire fonctionne souvent comme ça. On répète ce que racontent les anciens et on finit par croire qu’on y était. Seuls les coupables ont des raisons d’avoir peur. Le sentiment d’une solitude infinie qui la submergeait. Laisser là l’enfance, derrière soi, et arriver à se dire que, sur cette terre, plus personne ne vous connaissait vraiment. Est-ce cela la liberté ? On pense connaître les gens mais le diable peut se cacher n’importe où. Je pense que personne n’était prêt à entendre la vérité. Ils sont partis pour trouver le paradis et ils sont rentrés. Et ça semblait bizarre aussi, qu’ils ne soient pas restés là-bas. Des deux côtés, on les prenait pour des espions. Elle avait le sentiment que ce qui s’était passé il y a si longtemps n’avait pas encore trouvé son terme. Le présent, comme une fine couche sur le passé : de la glace fragile, on y marche sur la pointe des pieds, en dissimulant et en se taisant. Ce n’était pas encore terminé. Les hommes d’ici sont comme ça. Ils ne montrent que rarement leurs émotions. Et puis un jour, ils sortent le fusil. Quelle que soit l’époque, les femmes ont plutôt choisi d’aller se noyer dans le fleuve. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour que personne ne soit obligé de nettoyer derrière elles. Comment déterminer la valeur, en réalité ? En Russie, on est conscient que ce qui vaut quelque chose aujourd’hui, ne vaudra peut-être plus rien du tout demain. Retrouvez Nathalie sur son blog |
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