En1991 ou 92, j’avais été conquis par La Mélodie secrète de cet auteur qui ouvrait une porte sur les espaces infinis, ceux dont le silence effrayait Pascal… Avec ce dictionnaire, Trinh Xuan Thuan poursuit dans la même veine. Depuis, le scientifique a bien sûr augmenté ses connaissances en même temps que progressaient celles de l’astronomie et des sciences connexes.
Lecture vertigineuse. L’esprit se prend les pieds dans le tapis des chiffres souvent donnés en milliards de miliards d’années-lumière, quand ce n’est pas plus. De quoi rentrer la tête dans les épaules. On pose le livre (plutôt lourd) pour reprendre son souffle en espérant que la suite sera plus légère. À la décharge de l’auteur, cet ouvrage amoureux de son sujet reste à la portée du grand public, celui qu’intéresse l’univers, le big bang, les trous noirs et autres galaxies auprès desquelles la nôtre ne serait, paraît-il qu’une naine dans l’océan cosmique conséquence d’un big bang qui remonte à 13,8 milliards d’années.
L’esprit peu coutumier de ces sorties stellaires a parfois du mal à conceptualiser les descriptions de l’auteur. Mais l’effort consenti pour comprendre se trouve largement récompensé par les découvertes successives auxquelles donne droit ce voyage au long cours dans l’univers intersidéral. Car ce dictionnaire peut se consulter selon les entrées que l’on souhaite découvrir ou approfondir. Mais il peut également se lire de la première à la dernière page, ce qui fut mon choix. De toute façon, mon ignorance en la matière ne me permettait pas d’aller vérifier la définition de termes que j’ignorais…
J’ai donc commencé ma lecture à « Âge de l’univers « pour la terminer à « Zodiaque « . En lecteur appliqué, je me suis efforcé de ne sauter ni définition ni le moindre paragraphe. Pour la mémorisation advienne que pourra. Comme j’aimerais pourtant avoir retenu ne serait-ce qu’une parcelle microscopique de ce savoir.
Il me restera au moins quelques certitudes ornées d’une grande perplexité. J’avais déjà noté à la lecture de La mélodie secrète que l’auteur, à force de contempler les étoiles, avait commencé à caresser l’idée que ce bel ensemble dans lequel il trouve autant de plaisir à jouer qu’un bambin dans un bac à sable, finissait par douter de l’absence d’un principe premier. La petite musique du cosmos avait joué son rôle de séduction.
Il est vrai que cet ouvrage, passionnant de bout en bout, pose autant de questions qu’il en résoud. Je suis bien content de savoir désormais pourquoi et comment les dinosaures ont disparu de notre planète il y a 65 millions d’années – bien que cela ne m’ait jamais franchement empêché de dormir. Le plus extraordinaire n’est-il pas qu’ils occupaient les lieux depuis… 165 millions d’années (excusez du peu par rapport à l’Homme). Un méchant astéroïde de 10 000 milliards de tonnes comme il en circule en permanence dans l’espace a chu sur la Terre. Résultat : 100 000 milliards de tonnes de pierre se sont vaporisés dans l’air. Notez que cela ne représentait que 1% du tout. Mais cela a quand même provovoqué un colossal nuage de débris. Soient des milliers de milliards de tonnes suspendus dans l’air. Autrement dit ce nuage noir barrait la route à la lumière et à la chaleur du soleil, provoquant un hiver glacial sans fin lequel a réduit à néant ou presque tout ce qui vivait jusque là sur notre planète. D’après l’auteur, 80% des espèces végétales d’alors auraient succombé au cours de cet « hiver nucléaire ».
Tout au long de ce tourisme astral, la même question lancinante a gâché mon plaisir de découverte. Si tout cela existe, il y a donc un commencement. Oui affirme l’auteur. Mais avant ? Silence sidéral. Et si cet univers fascinant est en expansion permanente, jusqu’où ira-t-il ? Quelles sont les limites ? Il n’y en a pas répond la petite musique. Accablant. On finirait par adhérer au pari de Pascal. Ce Dictionnaire amoureux du Ciel et des Étoiles tombe donc pour moi comme un pavé dans la mare des certitudes humaines où le diable et le bon dieu s’étripent de toute éternité. Mais je ne saurais bouder mon plaisir : le Ciel et les Étoiles restent des sujets d’admiration et je ne saurais trop vous inviter à monter à bord de la prochaine navette. Quant aux sceptiques, ils peuvent toujours relire Pedro Calderon : La vie est un songe…