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Ce tourbillon dans lequel la fiction se mêle à la vraie vie
Le narrateur a tellement aimé le roman de Siegfried Lenz « La leçon d’allemand » qu’il aurait aimé vivre dedans, y habiter littéralement et ne plus en sortir. Il ambitionne d’en écrire une sorte de suite, qui ne peut se construire que sur les lieux du roman. Il part donc pour le nord de l’Allemagne, mu par une ambition littéraire qui masque à peine une forme de fuite – la distance nécessaire au roman est aussi celle qu’il lui faut mettre en lui et son ancienne compagne. Mais le roman de Lenz est une fiction, et sur place le narrateur ne va pas nécessairement trouver ce qu’il venait chercher… Qu’importe, il trouvera autre chose, et de l’inattendu bien sûr, car la vie surgit même lorsqu’il n’y a pas de roman. Dans la lignée de « Vertiges » qui racontait, ou tentait de le faire, la fin d’une histoire d’amour, Lionel Duroy entraîne son lecteur dans un nouveau tourbillon dans lequel la fiction se mêle à (ce qu’on croit être) la vraie vie. On y retrouve avec bonheur le point de vue définitif de l’auteur sur l’écriture, partagé et véhiculé par un narrateur qui écrit « tout ce qui [le] traverse, tout ce qu’[il] rencontre », qui écrit pour dire ce dont nous sommes faits, et pour tout garder, et sa plume dansante, dense et légère à la fois, enveloppante comme un cocon. Ils sont rares, les romans qui nous laissent cette impression d’avoir plongé, un temps, dans une eau vierge et pourtant déjà connue. Celui-ci, ceux de Lionel Duroy sont de ceux-là. « Échapper » est un nouveau, remarquable, grandiose et inoubliable roman du récit. Retrouvez Sophie Adriansen sur son blog |
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