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nuit blanche
Golem… l’homme augmenté malgré lui
Comme l’explique l’auteur dans un entretien fort éclairant, «la légende du Golem — en hébreu, cela signifie «?masse informe?» — est tirée de la Kabbale, qui raconte la création, au XVIe siècle, d’un être artificiel par un rabbin de Prague.» Pierre Assouline s’est emparé de cette vieille légende pour en faire «une histoire très contemporaine, un peu futuriste même, où se mêlent des préoccupations médicales, éthiques, philosophiques, liées à l’humanisme, au post-humanisme et aux théories avant-gardistes du trans-humanisme». Après avoir été l’objet de nombreux ouvrages et adaptations, ce nouveau «golem» prend les traits d’un maître des échecs, Gustave Meyer, qui souffre de maux de tête. En consultant son ami, le neurochirurgien Robert Klapman, il se dit que l’opération qu’il a subie pour le guérir de ses crises d’épilepsie n’a peut-être pas été le succès que veut lui faire croire. En décidant de mettre la main sur son dossier médical, il va comprendre qu’il a servi de cobaye, qu’on lui a implanté sans le lui dire une électrode dans le cerveau qui décuple ses capacités de mémoire, qu’il a été «golemisé». Une découverte qui est concomitante à l’accident mortel de son épouse. L’accident de voiture qui lui a coûtée la vie reste bien mystérieux. Aussi la police décide-t-elle de l’interroger avant d’en faire son principal suspect. Ce qui le décide à prendre la fuite tout en essayant de comprendre quel type de monstre il est devenu. Dans sa quête, il va être aidé par sa fille Emma. Si elle est persuadée de l’innocence de son père, elle est également soucieuse de comprendre ce qui lui arrive. On le retrouve d’abord à Londres, où il est parti admirer les œuvres de Mark Rothko, – un peintre qui le fascine – puis dans un colloque scientifique. Mais la police, en la personne part de Minna, est déjà sur sa trace. Il prend alors la direction de l’Europe centrale, berceau du Golem, pour un voyage à la fois historique et mystique. Sur sa route, il croisera des spécialistes qui lui permettront de détailler les légendes et les versions du golem. Mais cette plongée dans la kabbale, les racines juives, lui livrera-t-elle les clés lui permettant tout à la fois de se libérer de son mal et de s’innocenter ? Le choix d’une sorte de thriller ésotérique, qui n’est pas sans rappeler Le nom de la rose d’Umberto Eco, offre une lecteur une très agréable manière de revisiter le mythe, mais offre aussi une réflexion sur les avancées scientifiques, l’homme «augmenté». Entre Frankenstein et Superman, deux autres personnages inspirés du golem, la frontière est ténue. Retrouvez Henri Charles Dahlem sur son blog |
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