J’avais beaucoup entendu chanter les louanges de ce court roman, et vous savez ce que c’est, on finit par s’y aventurer sur la pointe des pieds, craignant de ne pas participer à la liesse collective en raison même de son brouhaha. Mais Joël Baqué vous embarque sans se préoccuper en rien de vos réticences. Son enfance, sa famille, son parcours, et les mots. La fête des mots. La joie de les dire, entendre, écrire, de les voir écrits. Son imaginaire est riche, sa poésie absolue, sa tendresse infinie et son humour subtil. Par petites vignettes (rendant la mise en page très aérée) (un peu à la Chevillard, d’ailleurs), il use avec pertinence de l’ellipse et fait passer une vraie émotion. Evidemment être de sa génération accentue l’effet nostalgique, mais loin d’évoquer un énième exercice à la Perec (« Je me souviens ») il donne une impression d’unicité totale. Un petit quelque chose de Valérie Mréjen, plutôt (« Eau sauvage »).