Philippe Geluck revient avec un nouveau coffret de dessins et pas uniquement du Chat. On ne présente plus le Chat de Geluck… difficile donc de billeter ce vingtième volume en étant original ou en espérant faire découvrir cet univers absurde à de potentiel(le)s nouve(lles)aux lecteu(se)rs…
Une originalité par rapport aux précédentes sorties : au lieu de contenir deux albums au format à l’italienne, ce coffret en contient un au format à l’italienne et deux au demi-format, le tout accompagné d’un petit journal d’informations.
Soyons clair, si vous n’aimiez pas les dessins de Geluck avant, vous ne les aimerai pas plus après. On a là du classique Geluck qui joue à merveille du jeu de mot, du cynisme, du second degré et qui arrive à surprendre le lecteur à travers des enchainements de réflexion synthétisées en un dessin en pourtant paraissant tellement évidentes.
C’est parfois politique, c’est parfois simplement humoristique, ça peut aussi parfois tomber à l’eau mais l’ensemble est une fois de plus d’excellent tenue (je dis ça parce que j’aime bien le chat).
Parmi les dessins qui m’ont le plus faire rire ou que j’ai trouvé représentatifs de la production Geluck dans sa version « mine de rien, je dis des trucs profonds de façon légère », un peu façon aphorismes (si tant est qu’il est possible d’en rendre compte par écrit, je ne suis pas à une gageure près) :
Deux limaces regardent passer deux escargots. L’une dit à l’autre « Ce sont des hollandais ».
Un terroriste taliban, harnaché de dynamite, est au lit avec son épouse en burka intégrale. L’épouse tient dans ses mains ce qui ressemble étrangement au système à retardement de la bombe et demande au mari « A quelle je mets le réveil ? »
Le chat rassure un nazi en tenue SS qui pleure « Allons. Je ne parlais pas de votre physique quand je disais que les nazis sont monstrueux. Je parlais de leurs idées »
Le chat philosophe « Si Mahomet avait eu un frère jumeau, lui, au moins, on aurait eu le droit de le représenter sans se faire engueuler »
Le chat pérore « Nous sommes obligés de faire creuser le fossé entre riches et pauvres par de la main d’œuvre importée tant les pauvres de chez nous demandent des prix de fous » (avec en arrière-plan, un ouvrier de couleur pas toute blanche qui creuse littéralement un fossé à coup de pelle)
Un des deux petits formats à l’italienne est un recueil de dessins en noir et blanc représentant un Geluck cherchent à chaque page à éviter la satanée partie de scrabble à laquelle veut le soumettre sa femme comme le bourreau soumettrait sa victime à la question… Drolatique à souhait, Geluck met son couple dans des postures toutes plus abracadabrantes ou surprenantes et décalées les unes que les autres. Un petit carnet très réussi (avec toujours les mêmes recettes, je n’y reviens plus, c’est sa marque de fabrique).
Le dernier petit format à l’italienne se concentre sur des strips de trois cases, avec toujours les mêmes ingrédients. C’est celui qui m’a le moins amusé même s’il reste de bonne qualité.
En résumé : la talent de Geluck (pour ceux qui lui en trouvent) ne se dément pas et tout adepte du Chat ne sera pas déçu par cette nouvelle couvée…