« Le père de Hawley avait établi un ensemble de règles pour la vie en pleine nature. Tout s’articulait autour du nombre trois. Un homme pouvait rester trois minutes sans respirer. Trois heures sans abri. Trois jours sans eau. Trois semaines sans nourriture. Et trois mois sans voir d’autre être humain avant de commencer à devenir fou. »
« Quand Loo avait douze ans, son père lui apprit à tirer. » C’est la première phrase du roman, et c’est comme ça qu’on fait la connaissance de Louise, dite Loo, et de son père Hawley. Par une séance de tir, et la manière quasi mutique d’enseigner de Hawley. Très vite, on situe ce duo, constamment sur les routes, aux aguets. On pressent la nature de leur urgence, on dessine mentalement un contour à leur histoire. Lily, la mère de Loo, est morte alors qu’elle était encore tout bébé, et son père est resté inconsolable.
« Lorsque Loo faisait quelque chose de bien, son père disait exactement comme ta mère, et lorsqu’elle faisait quelque chose de mal, son père disait : Ta mère n’approuverait pas du tout.
Maintenant Loo a quinze ans et ils reviennent dans la ville natale de sa mère, pour la première fois depuis aussi loin qu’elle s’en puisse s’en souvenir ils louent une maison. Semblent s’installer, pour de bon. Mais comment se glisser dans une vie « normale » quand on a été élevée aussi différemment ?… En flash-back, on revisite le parcours d’Hawley au rythme de ses cicatrices, douze, une à une, correspondant toutes à une blessure par balle.
C’est le deuxième roman d’Hannah Tinti (après «Le bon larron ») et sa plume séduit encore une fois dès les premières pages. Elle parvient si facilement à nous plonger au coeur même de ses personnages, on en ressent tous les malaises, on se heurte comme eux aux murs de leurs existences et on tressaute à leurs mésaventures. Tricotée avec beaucoup de dynamisme, l’intrigue m’a évoquée le « Léon » de Luc Besson, avant que je lise la 4° de couv, dont les références me semblent tout aussi justes : « Hannah Tinti compose une épopée exaltante à travers les États-Unis, depuis l’Alaska jusqu’aux Adirondacks, aux accents réjouissants de western, à mi-chemin entre Bonnie and Clyde, Tarantino et les frères Coen. »
A lire !