Madame Lure, une vieille veuve solitaire, a trouvé des rêves d’ailleurs pour fuir le vide de sa vie minuscule. Elle guette chaque nouveau catalogue proposé par l’agence de voyage de son quartier et le ramène dans son petit appartement. Quand elle en a fini avec ses rituels de ménagère, qu’elle a traqué méticuleusement la poussière de son pauvre quotidien, elle s’assied devant l’exotisme sur papier glacé et rêvasse.
En bas de chez elle s’est installée une famille de vagues gitans, dans un squat disons. Vargas est l’un d’eux, jeune encore et un peu voleur, dessinateur pour lui et marionnettiste pour donner le change. La vieille dame surprend son manège, elle se laisse fasciner et lui dépose un livre anonymement, espérant que le hasard en fasse un trait d’union…
Entre la vieille sédentaire qui voyage dans sa tête et le jeune voyageur sédentarisé pour un temps va naître une étrange relation.
Une relation que j’ai suivie du bout des yeux, vite agacé par le style de l’auteure : courtes phrases sans verbe très (trop) fréquentes, rythme (trop) systématiquement syncopé, les tics d’écriture donnent au texte une forme qui m’a détourné du fond. Parfois des aphorismes bien sentis, parfois l’émergence pressentie d’une richesse intérieure chez Mme Lure ou Vargas, certes, mais jamais, en tous cas jamais pour moi une plongée profonde dans l’intime de ces deux personnages. Je suis resté spectateur des mots, sans réussir à me laisser harponner par le récit.
Mais ça marchera peut-être pour d’autres lecteurs que moi. Des goûts et des couleurs…