Dissipons de suite un malentendu : contrairement à ce que proclame un quatrième de couverture paresseux et copié collé de celui du premier roman de Kristopher Jansma, « la robe des léopards » ce roman n’a rien de Fitzgerald ni de Wes Anderson. Rien du tragique crépusculaire du premier, rien du burlesque romantique du second. New York odyssée est d’abord un roman sur la Ville, (« why we came to the city », titre original) ici New York. Sur la ville et ses habitants, ici un groupe d’amis, plutôt CSP+, presque bobos, qui vont affronter la perte d’une des leurs. Comment ce deuil redessine leur vie, leur ville, là est aussi le sujet (guère original) du livre.
On pense au début bien sûr à « Bright light big cities » de MC Inerney, un peu à Peter’s Friends si on veut chercher vers le cinéma. Il y a dans ce deuxième roman de Jansma une mécanique mélancolique très série télé, exercice télévisuelle très au point quant il s’agit de tirer quelques larmes et d’aller chercher le beau dans le triste.
Mais il n’y a pas que cela, et Jansma s’y entend à faire vivre ces soirées, ces inaugurations, ces déambulations citadines, aussi bien qu’un Franzen, on dira, le meilleur, celui des « Corrections ».
Spoiler : la fin du livre nous amène en France, sur la Côte d’Azur, pour tout français un personnage hirsute qui grommelle et jette des pierres à ces américains venus là pour disperser les cendres de leur bien aimée. On fricote là avec les frères Coen!
Non, vraiment, rien à voir avec Gatsby, ni tendre et la nuit, ni le Grand Budapest Hotel, mais pas de quoi bouder : ce roman s’engloutit avec grand plaisir et ce jeune auteur là , solide sur les fondements, mène son odyssée avec précision et efficacité. Un beau voyage.