critique de "New York Odyssée", dernier livre de Kristopher Jansma - onlalu
   
 
 
 
 

New York Odyssée
Kristopher Jansma

Rue Fromentin
hors coll.
janvier 2017
280 p.  22 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu
coup de coeur

LA BELLE VILLE

Dissipons de suite un malentendu : contrairement à ce que proclame un quatrième de couverture paresseux et copié collé de celui du premier roman de Kristopher Jansma, « la robe des léopards » ce roman n’a rien de Fitzgerald ni de Wes Anderson. Rien du tragique crépusculaire du premier, rien du burlesque romantique du second. New York odyssée est d’abord un roman sur la Ville, (« why we came to the city », titre original) ici New York. Sur la ville et ses habitants, ici un groupe d’amis, plutôt CSP+, presque bobos, qui vont affronter la perte d’une des leurs. Comment ce deuil redessine leur vie, leur ville, là est aussi le sujet (guère original) du livre.
On pense au début bien sûr à « Bright light big cities » de MC Inerney, un peu à Peter’s Friends si on veut chercher vers le cinéma. Il y a dans ce deuxième roman de Jansma une mécanique mélancolique très série télé, exercice télévisuelle très au point quant il s’agit de tirer quelques larmes et d’aller chercher le beau dans le triste.
Mais il n’y a pas que cela, et Jansma s’y entend à faire vivre ces soirées, ces inaugurations, ces déambulations citadines, aussi bien qu’un Franzen, on dira, le meilleur, celui des « Corrections ».
Spoiler : la fin du livre nous amène en France, sur la Côte d’Azur, pour tout français un personnage hirsute qui grommelle et jette des pierres à ces américains venus là pour disperser les cendres de leur bien aimée. On fricote là avec les frères Coen!
Non, vraiment, rien à voir avec Gatsby, ni tendre et la nuit, ni le Grand Budapest Hotel, mais pas de quoi bouder : ce roman s’engloutit avec grand plaisir et ce jeune auteur là, solide sur les fondements, mène son odyssée avec précision et efficacité. Un beau voyage.

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nuit blanche

« (…) règle numéro un de la vie à New York : dès que tu arrivais ici, il fallait commencer à brandir la menace de partir. »

C’est bien mystérieux la chimie d’un roman : mettez sur la table le thème, le résumé de l’intrigue ou les quelques éléments notables de ces 456 pages et on aura l’impression d’avoir déjà lu ça cent fois. Quatre amis depuis l’université qui tentent de s’établir à New York, de l’amour, un cancer, des amitiés, un soupçon d’astrophysique, une pincée d’homo(et de bi)sexualité, un hôpital psychiatrique, quelques zestes d’art contemporain et le tout traversé par L’Odyssée D’Homère – autant d’impressions de terrains familiers. Pourtant à peine a-t-on posé les yeux sur les premières pages que nous voici ferrés, embarqués dans un pavé qui fait reculer le sommeil, la faim ou la soif. Tout est ici question d’atmosphère, ou plutôt de la capacité de Kristopher Jansma à faire vivre New York sous les yeux du lecteur. On y est tellement qu’on ressent tout, tout, tout, y compris ce léger écoeurement devant cette superficialité érigée en « must » à laquelle on a bien sur déjà succombé soi-même. Un roman qu’on a envie de serrer bien fort entre ses bras !

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