« C’est l’histoire d’un universitaire qui marche sur une longue plage abandonnée. Au loin, il distingue une silhouette floue qui répète constamment le même geste. De plus près, il constate qu’il s’agit d’un petit garçon. Tout autour de lui, sur des kilomètres, gisent des étoiles de mer à l’agonie, rejetées sur la rive par la marée.
L’enfant ramasse les étoiles de mer et les lance à l’eau. L’homme s’approche et l’interroge. Le garçon lui répond que la marée descend et que les étoiles de mer vont mourir. Étonné, l’universitaire rétorque : « Mais elles sont si nombreuses, il y en a des millions, quelle différence est-ce que ça fait ? » L’enfant en ramasse une autre, la lance aussi loin que possible dans l’océan et répond en souriant : « Ça fait une différence pour celle-ci. »
Cette citation n’a aucun rapport avec l’intrigue du roman mais elle est pourtant représentative du ton général : les bons sentiments américains. Michelle Richmond a du métier, elle s’y entend pour raconter une histoire (j’avais beaucoup aimé « L’année brouillard ») et nous concocte ici un savant suspens mâtiné de scènes de tortures suggestives et impressionnantes, mais ce qui se dégage malgré tout c’est une certaine forme de bien-pensance assez caractérisée. Prenez un jeune couple à qui tout réussit. Elle est avocate, il est psychologue. Ils sont très amoureux, et dans une optique de jeu ils adhèrent à un « pacte » qu’on leur propose. Seulement loin d’être la promesse de pérennisation du mariage qu’on leur avait annoncé, le Pacte a tout d’une secte particulièrement influente et exigeante… Une fois cette lecture entamée, on va au bout parce que la narration est efficace et l’intrigue suffisamment tortueuse pour que l’on n’anticipe jamais la suite, tout en n’étant pas dupe du caractère totalement improbable de ce qu’on lit, tant dans la cohérence des personnages que de ce qui leur arrive.