conception d’une trame originale pour l’intrigue captivent si bien le lecteur du début à la fin qu’on perçoit à la perfection une possibilité de scénario porté à l’écran. Et, surtout quand le suspens du dernier tiers du livre rompt avec l’ambiance mystérieuse et cosy du début. Des rebondissements inattendus surgissent, et quand on pense être à l’apogée de l’intrigue, une autre encore pire survient. On ferme alors le livre avec regret.
KEOWE, CAROLINE DU SUD
Sans longueur, l’histoire bien campée se déroule dans le cadre rural d’une Amérique un peu particulière. Les nombreux protagonistes de l’ancienne affaire sont modelés par l’auteurs avec une psychologie et des attitudes bien établis. L’ensemble de cette micro-société rassemble une société de personnes hétéroclites telles qu’on peut en rencontrer partout. L’arrivée de Jessie n’inquiètent pas les habitants outre mesure, et c’est même cette absence de méfiance et réticence apparente qui peut-être intrigue. En effet, l’évocation d’un drame qui semblait enterré et oublié ravive les mémoires et délie les mots des consciences presque soulagées de se confier.
UNE HEROÎNE GRISANTE
On apprécie beaucoup Jessie. Sa narration exclusive captive, car elle partage son enquête et ses sentiments avec le lecteur. Son personnage bien taillé fait ressortir une femme consciente de ses failles mais néanmoins courageuse et fonceuse malgré sa fragilité. Elle a peur, mais elle poursuit sa quête, à la limite de l’imprudence. L’auteur a instauré une bonne crédibilité au récit car j’ai apprécié la manière dont Jessie construit ses relations, son approche sincère et naturelle avec ses interlocuteurs, surtout vu leur diversité ! Elle se concentre sur ce qui l’a amenée dans cette contée et sait, avec débrouillardise, rester elle-même sans se dévoiler et sans mentir. D’ailleurs, le choix d’un seul narrateur est parfait, il recentre les idées de tous car ce n’est pas une mince affaire de reconstruire le puzzle proposé.
DES MISES EN TERRE MYSTÈRES
Une atmosphère de mystère, de surnaturel, d’ésotérisme imprègne le roman. J’y ai retrouvé l’ambiance de L’Armée furieuse de F. Vargas. Cette idée renforcée par la présence de la forêt d’Eden Brooks, qui cerne le village contribue à procurer un malaise éprouvé par Jessie bien transmis au lecteur. Des êtres mystérieux apparaissent comme l’énigme de la « femme en gris », certains reviennent d’entre les morts, d’autres personnes disparaissent. La présence d’un passé qui ressurgit, avec des hurluberlus déjantés plus ou moins agressifs et violents, des prédicateurs et des gourous en puissance installent un sentiment d’irrationalité.
Et pourtant, la logique règne et une cohérence incroyable demeure quand à la fin, on comprend tout…