Cette grand-mère a beau avoir un prénom ravissant, Précieuse, et ressembler un peu à Ma Dalton, elle garde son petit-fils sous cloche et lui fait une vie terne au possible. Tout ce qui pourrait être assimilé à un peu de plaisir ou de joie est péché ou poison mortel : la gourmandise est bannie, les promenades sont dangereuses et fatiguantes, fréquenter d’autres personnes semble risqué. En réalité, Précieuse ne s’est jamais remise de la mort de son mari, tué à la guerre, puis plus tard de la disparition de son fils, le père d’Ernest, qui a coupé les ponts avec sa famille. Elle n’est pas méchante, juste plombante et probablement très dépressive. Mais Ernest se contente de cette existence, car il n’a aucun point de comparaison. Aussi lorsqu’une nouvelle prénommée Victoire déboule dans la classe et la vie d’Ernest, son quotidien noir et blanc va se transformer en technicolor. Victoire est joyeuse, Victoire est généreuse, et Victoire est dotée de toute une ribambelles de frères tous plus sympathiques les uns que les autres. Et Victoire va même réussir à dérider Précieuse.
Cette histoire rappellera d’excellents souvenirs à plusieurs d’entre nous, car ce fut d’abord un roman de Susie Morgenstern, paru en 1996. Le voilà adapté aujourd’hui en bande dessinée, avec des illustrations de Thomas Baas. Une excellente manière de le (re)découvrir.