Une vie en crobards
Jacqueline Duhême

Gallimard Jeunesse
mars 2014
192 p.  19,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu
coup de coeur

Sa vie est un roman

Difficile de ne pas éprouver un énorme coup de cœur pour ce livre-album-ovni, qui raconte toute une vie en dessins. Jacqueline Duhême est née en 1927, elle a donc traversé le 20ème siècle et bien entamé le 21ème, armée de son pinceau, de son talent, de sa gouaille et de sa bonne humeur. Ajoutons à ce CV peu académique quelques rencontres décisives qui la sauvèrent d’un destin qui aurait pu être dramatique. Elle publie aujourd’hui une autobiographie réjouissante, qui nous embarque pour un voyage dans un monde culturel qui n’était pas encore people.

Tout débute mal pour la petite Jacqueline. Sa mère, suffragette avant l’heure, a deux filles sans être mariée. Mais si l’aînée est le fruit d’une histoire passionnelle, la deuxième a tout de l’accident. Malgré une visite à « la faiseuse d’anges », Jacqueline décide de naître malgré tout, mais sa mère le lui fera payer de diverses manières. Il faut croire cependant que Jaqueline avait une bonne nature et un karma bienveillant. Très jeune, elle entre à l’usine pour gagner sa vie. A l’époque, comédiens et poètes rendent visite aux ouvriers pour promouvoir la culture. C’est ainsi que la jeune femme rencontre Paul Eluard et les trente ans qui les séparent n’empêchent pas le coup de foudre. Mais la raison finit par l’emporter sur l’amour, et l’idylle se transforme en belle amitié. Eluard présente sa jeune protégée à Matisse, qui cherche une apprentie et elle devient la « petite main » du peintre. Puis elle rencontre Prévert, qui organise un dîner avec Hélène Lazareff, la directrice du magazine ELLE. Jacqueline Duhême est engagée comme reporter, mais au lieu de photographier ou écrire, elle dessine. Elle suit et croque les Kennedy, le général de Gaulle, Paul VI… Une existence incroyable qu’elle nous raconte aujourd’hui. Non seulement c’est passionnant, mais l’ouvrage, dessiné et écrit à la main, sur papier kraft, est ravissant. Une fois lu, on ne se lasse pas de le continuer à le feuilleter.

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