Les fines gueules voyageuses le savent bien – les initiés urbains aussi : la cuisine thaïlandaise (thaï pour les intimes) est l’une des plus raffinées du globe. Parfums, saveurs, épices… les sens explosent au moindre plat, sans qu’on soit capable de deviner qui de la citronnelle, du lait de coco, du galanga ou de la pâte de crevettes donne ce goût incomparable, tant les ingrédients sont nombreux et les dosages subtils. Les Siamois sont passés maîtres dans l’art des dips, des currys et des soupes, d’une diversité et d’une richesse dont pourraient rougir Indiens et Chinois réunis. L’ampleur de leur ingéniosité à accommoder tout ce qui est comestible est enfin révélée dans un ouvrage aussi épais qu’une Bible, à la couverture soyeuse, sobrement intitulé « Thaïlande – Le livre de cuisine ». Une somme signée Jean-Pierre Gabriel, déjà récompensé d’un Gourmand Cookbook Award pour un précédent livre consacré au cacao. Il lui a fallu trois ans pour collecter plus de 500 recettes, authentiques, puisées à la source, c’est à dire dans toutes les provinces du pays, sur les marchés, chez les habitants, auprès des cuisinières et des chefs, dont celui de l’emblématique Blue Elephant.
Il n’a oublié aucun classique – fameuse soupe Tom Yam, brochettes satay, crevettes à l’ail, riz gluant ou croustillant, curry vert, crabe en feuille de bétel, tiges de lotus, tapioca tricolore… Et son ouvrage réserve son lot de surprises : comment marier un oeuf de cane salé à des crevettes hachées, frire la silure, préparer un bar au salak (le « fruit serpent ») ou encore, pour les Indiana Jones du goût, mijoter une omelette aux oeufs de fourmis rouges…
Avec un tel ouvrage, les tropiques ne sont jamais tristes.