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Femme de l’ombre ou héroïne de roman ?Qui est Anne Pingeot, silhouette fine, le visage entièrement dissimulé sous une voilette, entr’aperçue aux funérailles de François Mitterrand, aux côtés de leur fille, Mazarine ? Pendant 35 ans, elle partagea de manière clandestine la vie de l’ancien chef de l’Etat. Mu par cette interrogation « qu’avait cette femme de si extraordinaire pour que Mitterrand n’ait jamais pu renoncer à elle ? » David Le Bailly cherche à percer le mystère de celle qui ne veut, n’a jamais voulu d’une existence sous les projecteurs, a toujours fui les caméras, les journalistes, ne cesse de se dérober.
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Eclairages sur une femme de l’ombre
Une enquête qui se lit comme un roman, mais il faut dire que tous les ingrédients sont là et ont suffisamment intrigué David Le Bailly, journaliste, habitué à enquêter pour qu’il se jette à l’eau. Bientôt obsédé par ce projet surtout lorsqu’il se heurte aux murs de silence érigés autour de cette femme dont il s’attache à percer le mystère. Cette femme, c’est Anne Pingeot, dont le grand public a découvert officiellement l’existence peu de temps avant la mort de Mitterrand, alors Président de la République. Habituée à l’ombre au point de ne pas apparaître dans la lumière même des années après. Le journaliste s’interroge, cherche à comprendre les motivations d’Anne Pingeot aux différents âges et étapes de sa vie, cherche à deviner son état d’esprit, à éclairer son caractère. Et au delà, à dévoiler ce qu’il présente comme « la face cachée » de Mitterrand et qu’il pense être en droit de connaître et de révéler puisqu’il était un homme public, aux plus hautes responsabilités de l’état. Au fil de l’enquête se révèle un personnage plus complexe qu’il n’y paraît dont l’évolution au fil du temps est intéressante. Jeune fille issue d’une bourgeoisie de province catholique et bien pensante mais au comportement un peu trouble pendant la guerre et les années qui l’ont précédée. Attirée par le monde du savoir et de la connaissance et donc par l’homme brillant qu’est François Mitterrand. Et lui, l’homme à femmes, qu’est ce qui l’attire chez cette jeune fille mal dégrossie et pas encore jolie ? Le journaliste émet l’hypothèse que c’est son milieu, ses valeurs qui rassurent le futur Président, lui qui a dû laisser tout ceci derrière lui pour poursuivre sa carrière politique. En tout cas, la jeune femme, bien décidée à faire partie de ce monde, « monte à Paris » pour étudier l’art et devient conservateur de musée. Ce qui intrigue David Le Bailly et irrigue son récit c’est le mélange d’oie blanche et de caractère affirmé qui transparaît chez Anne Pingeot. Les bribes de détails qu’il obtient en interrogeant tous ceux qu’elle a côtoyés et qui veulent bien lui répondre sont soit contradictoires, soit remis en question par d’autres témoignages. Difficile alors de se faire sa propre opinion. Il dépeint son environnement comme une prison dorée (à partir du moment où Mitterrand est élu Président, elle est obligée de quitter son appartement pour une résidence mieux surveillée) et n’oublie pas de montrer toutes les contraintes imposées par sa situation sur sa vie, du soupçon de piston et de favoritisme dans sa vie professionnelle à la jalousie vis à vis du couple public formé par Danièle et François Mitterrand. Et le secret, tout le temps. Cette façon de passer totalement inaperçue. Pour le journaliste, c’est ce qui est trompeur. On pourrait la croire fade et effacée, il n’en croit rien. Pour lui, on n’accepte pas une telle vie sans une volonté farouche et un sacré caractère. D’ailleurs, quelle est sa véritable influence ? Quelle part a t-elle pris dans les grands travaux initiés sous la présidence de Mitterrand ? Finalement, les mystères ne sont pas vraiment levés. Comment le faire d’ailleurs sans le témoignage de la principale intéressée. Reste le portrait d’une femme endurcie par les circonstances mais fidèle au choix fait à vingt ans d’aimer et d’accompagner François Mitterrand. Et qui, malgré tout, et certainement au prix d’âpres négociations, a construit sa vie sur tous les plans. Pour le reste, pas sûr qu’elle décide un jour de raconter la face cachée de Mitterrand. Un livre intéressant et très agréable à lire, à mille lieux d’un quelconque voyeurisme. A la fin, on sent une petite pointe d’admiration chez l’auteur comme si le mystère qui demeure, le silence qui perdure étaient la preuve de la supériorité de l’adversaire… et qu’il fallait bien s’incliner devant plus fort que soi. Retrouvez Nicole G sur son blog |
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