Les lecteurs qui, dans les années 80, ont découvert « Le poète russe préfère les grands nègres » ou « Journal d’un raté », connaissent Limonov et sa réputation sulfureuse. Emmanuel Carrère raconte la trajectoire complètement folle de cet homme qui fut de tous les combats, de toutes les extrêmes : amateur de jeunes femmes, mais homosexuel assumé pendant une partie de sa vie, écrivain underground et branché à Paris, puis prisonnier en Russie ou valet de chambre à Manhattan. Il faut bien reconnaître qu’il constituait un morceau de choix pour un romancier. Comme le fait toujours Emmanuel Carrère, il nous prend par la main pour nous raconter une histoire. Celle d’un imposteur-assassin dans « L’Adversaire », de sa famille dans « Un roman russe » et « D’autres vies que la mienne », et enfin de ce fou aussi furieux que séduisant dans « Limonov ». Il fallait beaucoup de talent pour réussir à nous embarquer dans son entreprise. Le résultat est là : vous ne lâcherez pas ce livre, quelle que soit l’exaspération qu’inévitablement vous éprouverez de temps à autres pour son personnage.