Jean-Michel Ribes qui occupe une place aussi importante que singulière dans le théâtre français, ne s’était jamais mis dans la lumière.
Avec ces « mille et un morceaux », l’auteur de l’inoubliable « Odyssée pour une tasse de thé », l’inventeur du cultissime « Palace » et le directeur du théâtre du Rond Point raconte sa vie en une multitude de textes, courts, vifs, superbement écrits d’une plume alerte et précise.
C’est émouvant lorsqu’il parle de sa femme, de sa fille, de ses amis –Jacques Villeret, Philippe Khorsand, Reiser notamment–, captivant et le plus souvent cocasse quand il raconte le théâtre et le reste. Si Ribes jouait à pile ou face on peut être certain que la pièce retomberait sur la tranche. Jugez plutôt.
Il reçoit Jean Mercure à dîner, peut être le rendez-vous le plus important de sa carrière débutante, et son chat, toutes griffes dehors, saute à la figure de celui qui repart sanguinolent mais, beau joueur, acceptera de produire « l’odyssée ».
Etudiant, il s’embarque avec des copains pour un tour d’Europe : il manque de se faire violer au Mont Athos par des moines effrayants.
Qu’il s’assoie dans un restaurant à Rio et le client de la table d’à côté sort un revolver pour assassiner la femme qui lui fait face.
Et bien sûr, s’il a une maîtresse – vaudeville oblige-, il est contraint de s’enfuir et de se réfugier soit, nu comme un ver sur le toit de l’immeuble qui abritait ses amours illicites, soit dans la cuisine du restaurant d’à côté en pyjama, où il épluchera des pommes de terre en attendant que le mari ait vidé les lieux.
Ainsi va la vie de Ribes qui ressemble à son théâtre, à moins que ce ne soit l’inverse : tendre, loufoque et impertinent. Ne passez pas à côté de ce récit caléidoscopique formidable, écrit avec grâce et dans lequel l’humour tient lieu d’élégance.