Cher ami auteur (tu me pardonneras d’autant plus aisément cette interjection et ce tutoiement que tu ne te prives pas d’en faire ta marque de fabrique, dans les chroniques radiophoniques ou dans ton livre), sois ici remercié pour cette réédition. Car, cher ami lecteur (je ne reviens pas sur cette tournure de style, tu auras saisi l’allusion), sache qu’il s’agit d’une réédition. Alors pourquoi la lire si cela a déjà été lu ?, me demanderas-tu avec ton bon sens près de chez toi. D’abord parce que je ne l’avais jamais lu (ça c’est pour les néophytes) et ensuite parce que cette version a été modifiée et augmentée depuis sa première sortie (ça c’est pour les fans de la première heure).
Eric Naulleau (excuse-moi pour cette distance que je mets entre toi et moi, c’est pour rendre le billet plus crédible et pour éviter qu’il passe pour ce qu’il n’est pas : du copinage) est un fan de Graham Parker. Cela est de notoriété publique. Une vraie groupie de chansonnet, si je puis m’exprimer ainsi. Il va jusqu’à qualifier son état mental de maladif et Eric Naulleau ne faisant pas les choses à moitié a lui-même donner un nom à sa maladie : il est parkeromane. Il aurait pu être, ô bien des choses en somme, mais il est parkeromane tout comme mon meilleur ami est rollingstonesomane.
J’ai retrouvé à ce titre chez Eric Naulleau des tics que j’avais déjà pu observer chez mon ami en question : excitation dans la préparation d’un road-trip mondial pour suivre une tournée (continents américains et européens, c’est déjà pas si mal), extase devant la découverte d’un album non officiel/non référencé/inconnu à ce jour, transe au contact du héros musical, etc, etc, etc…
On retrouve dans ce livre la verve et la culture indéniable d’Eric Naulleau et les quelques 190 pages du livre passent comme une lettre à la poste mais avec plus de chance d’arriver en parfait état dans l’esprit du lecteur. Eric Naulleau est ici jubilatoire, profond, piquant et mordant, sarcastique parfois, juste souvent, attendrissant aussi. Bizarrement, ce livre n’est ni une biographie de la vie d’Eric Naulleau par le prisme de celle de Graham Parker ni une biographie de Graham Parker : ni une biographie autobiographique ni une autobiographie biographique… Il fonctionne plutôt comme une succession de clichés, d’instantanés qu’Eric Naulleau passerai au crible en notre présence (ah nostalgie quand tu nous tiens !), en commentant certains, en se remémorant des souvenirs, des situations, des anecdotes.
Une seconde partie donne directement la parole à Graham Parker. Eric Naulleau lui a donné une liste de titres issus de sa discographie à charge pour Graham Parker de commenter son texte sur l’étincelle qui lui a donné l’idée de telle ou telle chanson, sur ce qu’il a voulu dire, parfois sur le processus créatif. Chaque commentaire est accompagné du texte de la chanson… révisez votre anglais les aminches !