La journaliste Bernadette Costa-Prades, qui a déjà proposé des « vies » de Simone de Beauvoir, Frida Kahlo et Niki de Saint Phalle, nous permet ici de découvrir Tina Modotti. Et cette femme-là est enthousiasmante. Une existence digne d’un film, avec tous les ingrédients qu’il faut pour nous captiver. Proche des peintres Frida Kahlo et Diego Rivera, révolutionnaire engagée, femme de passion (et d’hommes !), Tina est née dans le Frioul en 1896 et est décédée, prématurément, au Mexique. Quarante-sept ans d’un parcours romanesque que raconte avec enthousiasme l’auteure.
Tout démarre à Udine en Italie pour Assunta Adelaide Luigia Modotti. Comme un million de ses compatriotes, Tina fut l’une de ces migrantes arrivant à Ellis Island. Elle a dix-sept ans et la première guerre mondiale couve en Europe. En courts chapitres, Bernadette Costa-Prades brosse le tableau d’une jeune femme libre avant l’heure, vivant ses passions au grand jour, révolutionnaire en des temps de profonds bouleversements mondiaux, sensible aux idées communistes et…aux hommes, donc. L’amour qu’elle porta à ses compagnons la conduisit à bien des exils. Il faut la suivre au Mexique, en Espagne lors de la guerre civile espagnole, observatrice à Berlin, en URSS (sans trop de discernement quant à ce qui s’y passe)… le parcours de Tina ne cesse de rebondir, de surprendre. Vous comprendrez pourquoi et comment elle est devenue cette photographe célébrée dans un premier temps (puis tombée dans l’oubli avant une renaissance évidente) ; vous plongerez avec délectation dans le récit de ses amours enfiévrés ; vous souffrirez pour elle, aussi, face aux tragédies qui en auraient abattu plus d’un. Une femme hors norme, assurément. Les rares reproductions des clichés de Tina donnent envie d’en voir plus . Ça tombe bien, les musées d’Orsay et de l’Orangerie l’exposent aux côtés d’autres, avec « Qui a peur des femmes photographes » jusqu’en janvier 2016. Allez-y après avoir dévoré cette délicieuse biographie romanesque.