Qui ne connaît pas ou n’a jamais entendu parler de Fifi Brindacier ?
Dans cette biographie, Jens Andersen nous permet de découvrir l’auteure de cette petite fille malicieuse et irrévérencieuse.
Astrid Lindgren, née en 1907 et décédée en 2002, a voué sa vie à l’écriture dès son plus jeune âge, une de ses rédactions d’écolière ayant été remarquée et publiée dans le journal local de sa petite ville suédoise.
A 19 ans, elle tombe enceinte et refusera d’épouser le père de son fils Lasse. Elle devra alors affronter le regard de la société suédoise qui en 1926 ne voit pas d’un bon oeil les mères célibataires. On peut voir là les prémisses de la pensée féministe d’Astrid qu’elle conservera jusqu’à sa mort.
Si la jeune femme écrit quelques textes, articles de journaux, ce n’est qu’en 1945 qu’elle connaîtra le succès avec la publication de Fifi Brindacier. Astrid Lindgren a créé ce personnage pour sa fille Karin, née de son mariage avec Sture Lindgren, qui était malade et alitée. Elle n’avait pas au départ l’intention de publier cette histoire.
Jens Andersen mêle de façon judieuse et fort plaisante à lire la vie privée d’Astrid, ses motivations ainsi que ses engagements. Il nous éclaire aussi sur la société suédoise et notamment la grande implication des pays scandinaves après guerre pour la littérature jeunesse et les recherches faites sur le mode éducatif.
Astrid Lindgren se retrouve totalement dans ces préoccupations :
» L’enfant qui ne se sent pas aimé par ses parents, qui ne peut trouver personne à qui donner son amour et personne dont il peut recevoir de l’amour, cet enfant va devenir une personne malheureuse et souvent dénuée d’amour, et peut causer bien du tort autour de lui. L’avenir du monde se décide dans les chambres des enfants, rien n’est plus certain que cela. C’est là que tout se joue pour que les hommes et les femmes de demain deviennent des esprits sains et bienveillants ou des individus atrophiés qui utilisent la moindre occasion de rendre l’existence plus difficile à ceux qui les entourent. Même les hommes d’Etat qui vont guider le destin des peuples dans le monde de demain sont aujourd’hui des petits enfants. »
Elle n’hésitera pas à aborder de nombreux thèmes difficiles dans ses romans, notamment la mort dans « Mio, mon Mio » et « Les frères Coeur de Lion », notamment dans le but d’apporter de la consolation : « Je crois au besoin de consolation de l’enfant. Quand j’étais enfant, on croyait que l’on montait au ciel après sa mort, et ce n’était pas la chose la plus drôle que l’on puisse imaginer. (…) Les enfants d’aujourd’hui n’ont plus cette consolation. Ils n’ont plus ce conte, cette fable. Et je me suis dit : on pourrait peut-être leur donner une autre histoire qui pourrait les réchauffer un peu en attendant la fin inévitable. »
Astrid Lindgren restera jusqu’à son dernier jour une femme remarquablement concernée par le monde qui l’entourait : la nature (écologiste avant l’heure), les relations avec ses amis, la politique menée par son pays mais surtout par les enfants.